La chef de cabinet de Marine Le Pen mise en examen

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(Crédits : © Eric Gaillard / Reuters)

PARIS (Reuters) - La chef de cabinet de Marine Le Pen a été mise en examen mercredi dans l'enquête sur les assistants parlementaires du Front national au Parlement européen au terme d'une journée de garde à vue, a-t-on appris de source judiciaire.

Catherine Griset a été mise en examen pour recel d'abus de confiance.

Thierry Légier, le garde du corps de la dirigeante d'extrême droite, placé en garde à vue mercredi à ses côtés, a de son côté été relâché sans qu'aucune charge soit retenue contre lui à ce stade, a-t-on précisé.

Leur placement en garde à vue faisait suite à une perquisition lundi au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine), déjà été visité par les enquêteurs il y a un an dans le cadre d'une enquête préliminaire.

Marine Le Pen, qui réfute les soupçons d'emplois fictifs, dénonce une instrumentalisation de la justice destinée à déstabiliser sa campagne présidentielle.

"Les Français savent exactement faire la différence entre des vraies affaires et des cabales politiques", a-t-elle déclaré lors d'un déplacement à Meaux (Seine-et-Marne), avant la mise en examen de sa collaboratrice.

Marcel Ceccaldi, l'un des avocats de Marine Le Pen, dénonce lui aussi une "instrumentalisation politique de la justice".

"La perquisition de lundi a eu lieu alors que Marine Le Pen se trouvait au Liban, ce que les autorités judiciaires ne pouvaient ignorer", a-t-il dit à Reuters.

"Cette perquisition était un moyen de contourner l'immunité parlementaire de Mme Le Pen et, par ailleurs, constitue une atteinte au libre exercice de sa fonction de présidente de formation politique", a-t-il ajouté.

Le parquet de Paris a ouvert le 15 décembre une information judiciaire pour abus de confiance, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé dans l'enquête sur ces soupçons de fraude relative à l'emploi par le FN d'assistants parlementaires.

L'affaire s'est accélérée la semaine dernière avec la publication d'extraits du rapport d'enquête de l'Office européen de lutte contre la fraude (Olaf) par Mediapart et Marianne, lequel a été transmis à la justice française.

FAUX CONTRAT DE TRAVAIL ?

La présidente du FN dénonce depuis le début de la procédure une "opération politique", montée notamment, selon elle, par l'ancien président du Parlement européen Martin Schulz en lien avec l'Olaf, contre lequel le FN a porté plainte en Belgique.

Elle dément avoir employé fictivement son garde du corps Thierry Légier et sa chef de cabinet Catherine Griset, affirmant qu'ils l'assistaient à la fois au Parlement européen et au FN.

Selon la présidente du FN, les soupçons de l'Olaf ont été nourris par une simple régularisation comptable dont elle dit avoir fourni "toutes les preuves".

Mais le rapport de l'Olaf met à mal sa défense, selon Mediapart et Marianne, pour qui la candidate est soupçonnée d'avoir notamment fabriqué un faux contrat de travail pour Thierry Légier.

Le garde du corps aurait ainsi été rémunéré par l'UE de septembre à décembre 2009 - 1.620 euros net par mois pour 12 heures de travail par semaine - puis d'octobre à décembre 2011 - près de 7.240 euros net par mois pour un trois quarts temps.

Mais lors de son premier contrat, Thierry Légier était également le garde du corps de Jean-Marie Le Pen, selon l'Olaf qui révèle la "contradiction" et l'"impossibilité matérielle" d'un tel emploi du temps.

Concernant la deuxième période d'embauche, Marine Le Pen aurait expliqué qu'elle "n'avait pas employé M. Légier pendant ces trois mois", l'objet de cette opération ayant été d'obtenir du Parlement "la régularisation de dépenses antérieures qui n'avaient pas été payées par ce dernier".

Pour le Parlement européen, aucun contrat n'a été accepté comme moyen de régularisation, l'Olaf estime donc que "le bulletin de salaire (...) constituerait un faux".

(Gérard Bon et Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)