Wall Street ignore la Fed et bouge peu

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Wall street finit dans le desordre[reuters.com]
(Crédits : © Carlo Allegri / Reuters)

par Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York est restée mercredi insensible au compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale et a fini dans le désordre avec des variations modestes, suffisantes toutefois pour permettre à l'indice Dow Jones de battre à nouveau ses records en séance et à la clôture.

Le Dow Jones, soutenu par la forte progression du titre DuPont, a pris 32,60 points, soit 0,16%, à 20.775,60 après un pic à 20.781,59. Le Standard & Poor's-500, principale référence des investisseurs, a cédé 2,56 points (-0,11%) à 2.362,82 et le Nasdaq Composite a clôturé sur un recul de 5,32 points (-0,09%) à 5.860,63.

Il s'agit d'un neuvième record consécutif à la clôture pour le Dow, une série inédite depuis janvier 1987.

La publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Fed n'a guère ému les investisseurs.

La Fed n'a pas touché à sa politique monétaire lors de cette réunion des 31 janvier et 1er février derniers mais nombre de participants ont déclaré qu'il pourrait être approprié de relever les taux "assez vite".

La présidente de la Fed, Janet Yellen, a tenu un discours assez proche la semaine dernière tandis que le gouverneur de l'institut, Jerome Powell, a déclaré mercredi, séparément des minutes, qu'un relèvement de taux serait à l'étude lors de la prochain réunion en mars.

Les traders estiment la probabilité d'une hausse de taux à 27% en mars et à 53% en mai, selon les données Thomson Reuters.

Pour Walter Todd, responsable de l'investissement chez Greenwood Capital, le marché s'en tient à ses prévisions malgré les différentes déclarations de la Fed. "Je ne vois rien dans les minutes qui change ce scénario", a-t-il dit. "(La Fed) essaie de se donner un maximum de souplesse pour agir."

Sur le marché des changes comme sur le marché obligataire, on juge en revanche la tonalité de ces minutes plutôt accommodante. "Le message, c'est qu'il y a encore un peu d'hésitation, un peu de prudence par rapport à l'impression qu'ont eue les marchés après l'audition de Yellen la semaine dernière", a commenté Sireen Harajli, stratégiste sur les changes chez Mizuho à New York.

Le dollar a perdu du terrain face à un panier de devises de référence et face à l'euro, lequel a en outre été soutenu par le ralliement de François Bayrou à Emmanuel Macron, qui affaiblit aux yeux des investisseurs les chances de Marine Le Pen de remporter l'élection présidentielle en France.

De même, le rendement à 10 ans des emprunts du Trésor américain a reculé jusqu'à 2,391%, un plus bas depuis le 9 février.

Les minutes de la Fed montrent aussi sa grande incertitude face au manque de visibilité sur le programme économique du nouveau président américain Donald Trump, dont les promesses de relance et de dérégulation ont fait grimper Wall Street à des records depuis son élection le 8 novembre.

VALORISATIONS ÉLEVÉES

Les valorisations élevées atteintes par les actions plaident de plus en plus en faveur d'une pause sur les marchés américains. Le S&P-500 se traite à 17,8 fois les bénéfices estimés à un horizon de 12 mois, au-dessus de la moyenne à long terme de 17,2, selon Thomson Reuters Datastream.

Signe d'un possible essoufflement, les clients de Bank of America Merrill Lynch ont allégé de 2,1 milliards de dollars leurs portefeuilles d'actions la semaine dernière, une première depuis l'élection de Donald Trump, a annoncé l'intermédiaire.

"C'est juste une petite respiration", a dit Chuck Carlson, directeur général d'Horizon Investment Services, au sujet de la séance du jour. "On sort d'une période vraiment dynamique pour les actions et il n'est donc pas anormal d'avoir un peu de répit aujourd'hui."

Le S&P-500 a pour l'instant gagné 5,5% en 2017. Il se dirige vers son meilleur début d'année depuis janvier-février 2013.

Il est notamment porté par les valeurs technologiques, dont l'indice sectoriel a connu mercredi une 15e séance consécutive de hausse (+0,16%).

Le secteur de l'énergie (-1,58%) a en revanche été pénalisé par le recul des cours du pétrole sur fond de crainte d'augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis.

Aux valeurs individuelles, DuPont a pris 3,4% à 79,80 dollars, de loin la plus forte hausse du Dow Jones.

Des sources ont déclaré à Reuters que les autorités européennes s'apprêtaient à donner leur accord au projet de fusion à 130 milliards de dollars (123 milliards d'euros) entre DuPont et son compatriote Dow Chemical, l'un des trois grands projets de concentration en cours dans le secteur agrochimique.

L'action Dow Chemical a gagné 4% à 63,67 dollars.

Facebook a touché un record en séance à 136,79 dollars avant de finir sur un gain de 1,8% à 136,12 dollars. Le titre a été le principal soutien du S&P-500. Le réseau social discute avec les organisateurs du championnat nord-américain de baseball de la possibilité de diffuser un match en direct par semaine lors de la prochaine saison, selon des sources.

Avec une hausse de 7,33% à 54,15 dollars, Garmin, fabricant de GPS et de bracelets connectés, a pour sa part signé la plus forte hausse du S&P-500 à la faveur de résultats et de prévisions supérieurs aux attentes.

(Bertrand Boucey pour le service français)