Trump veut étoffer l'arsenal nucléaire américain

reuters.com  |   |  681  mots
Trump veut etoffer l'arsenal nucleaire americain[reuters.com]
(Crédits : Jonathan Ernst)

par Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis doivent se placer "en tête du peloton" des puissances nucléaires et devront pour cela étoffer leur arsenal, a déclaré jeudi le président américain, Donald Trump, lors d'un entretien accordé à Reuters.

Evoquant pour la première fois la question nucléaire depuis son investiture le 20 janvier, Donald Trump a estimé que les capacités nucléaires militaires américaines accusaient un retard.

"Personne, moi le premier, n'aimerait voir (...) quelqu'un posséder des armes nucléaires mais nous n'allons pas rester à la traîne derrière un autre pays, même un pays ami", a-t-il dit.

"Ce serait merveilleux, un rêve qu'aucun pays ne possède d'arme nucléaire, mais si des pays sont amenés à en avoir, nous serons en tête du peloton."

Le dernier traité de limitation des armes stratégiques entre les Etats-Unis et la Russie, conclu en 2010 et baptisé New Start (Strategic Arms Reduction Treaty), prévoit que d'ici au 5 février 2018, les deux pays doivent limiter leurs arsenaux stratégiques à des niveaux équivalents pendant dix ans.

La Russie possède actuellement 7.300 têtes nucléaires contre 6.970 pour les Etats-Unis, selon le groupe antinucléaire Ploughshares Fund.

Les analystes se demandent si Donald Trump veut abroger ce traité et commencer à déployer de nouvelles ogives nucléaires.

Dans son interview, le président américain a répété que le traité New Start était à ses yeux trop favorable à la Russie.

"Encore un mauvais accord que le pays a fait, que ce soit Start, ou l'accord sur l'Iran... Nous allons commencer à faire de bons accords", a affirmé le milliardaire new-yorkais.

Donald Trump a également estimé que le déploiement par la Russie d'un missile de croisière allait à l'encontre d'un traité de 1987 (INF, Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty)interdisant le déploiement terrestre de missiles américains et russes de portée intermédiaire.

"Pour moi, c'est grave", a déclaré le président américain, promettant d'aborder la question avec son homologue russe, Vladimir Poutine, s'ils se rencontrent.

L'UE, "FORMIDABLE"

Evoquant la question nord-coréenne, Donald Trump a jugé qu'elle pourrait être résolue "très, très facilement si elle (la Chine) le souhaitait", pressant ainsi le gouvernement chinois d'user de son influence sur Pyongyang pour que le régime de Kim Jong-un cesse ses provocations.

Interrogé dans le Bureau ovale, Donald Trump s'est dit "très en colère" vis-à-vis de la Corée du Nord après l'essai balistique auquel elle a procédé le 12 février.

Donald Trump a également abordé l'Union européenne, un projet auquel il s'est dit "totalement favorable" et qu'il juge "formidable".

En politique intérieure, Donald Trump a parlé en termes positifs pendant l'interview d'une proposition de taxe d'ajustement frontalière visant à accroître les exportations, portée par les républicains au Congrès, mais il ne l'a pas formellement reprise à son compte.

Le président américain adresse depuis janvier des signaux contradictoires à propos de cette taxe qui est au coeur d'un vaste projet de réforme du code des impôts, la première depuis plus de trente ans, que les républicains espèrent mettre en oeuvre.

"Cela pourrait déboucher sur une forte hausse des emplois aux Etats-Unis", a déclaré Donald Trump à Reuters, après avoir évoqué en janvier un projet "trop compliqué".

"Je soutiens certainement une forme de taxe à la frontière", a dit le président américain jeudi.

"Ce qui va se passer, c'est que les entreprises vont revenir ici, qu'elle vont construire des usines et créer plein d'emplois et qu'il n'y aura pas d'impôt."

Donald Trump a également précisé que la réforme du code des impôts serait entreprise une fois réglée la question de l'Obamacare, la réforme de l'assurance santé voulue par Barack Obama que la nouvelle administration s'est engagée à démanteler et à remplacer par un nouveau dispositif, ce qui pourrait prendre des mois.

(Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)