Le Labour et l'Ukip fragilisés après des élections partielles

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Ukip perd les elections de stoke-on-trent[reuters.com]
(Crédits : © Darren Staples / Reuters)

par Darren Staples et Phil Noble

STOKE-ON-TRENT/WHITEHAVEN, Grande-Bretagne (Reuters) - Le Parti conservateur au pouvoir en Grande-Bretagne a enregistré jeudi une victoire aussi historique que symbolique en arrachant une circonscription que le Labour détenait depuis plus de 80 ans tandis que l'Ukip représenté par son chef de file a échoué à s'emparer d'un siège qui lui semblait promis.

Dans la région de Copeland, dans le Nord-Ouest, la candidate conservatrice a ravi un fief détenu depuis 1935 par le Parti travailliste. Avec cette victoire, le parti de la Première ministre Theresa May est la première formation au pouvoir à remporter une élection législative partielle depuis 1982.

Plus au sud, à Stoke-on-Trent, le dirigeant du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip, europhobe), Paul Nuttall a échoué à prendre aux travaillistes une circonscription qui avait pourtant voté à 70% en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016.

Ces deux résultats confortent la position de Theresa May qui a promis d'engager une rupture nette avec l'Union européenne tout en fragilisant les travaillistes et les europhobes d'Ukip qui démontrent une fois de plus leurs difficultés à décrocher des mandats.

La défaite des travaillistes pourrait par d'ailleurs accentuer la pression sur le chef de file, Jeremy Corbyn, qui reste contesté par l'aile centriste du parti malgré sa réélection triomphale en septembre.

"Pour nous, ce résultat est désastreux", a admis le député travailliste John Woodcock à la BBC. "N'essayons pas d'insulter l'intelligence des citoyens en laissant entendre autre chose."

LE LABOUR "CONDAMNÉ À LA DÉFAITE"

Un certain nombre de ses collègues déplorent le virage "gauchiste" pris par la direction du Labour qui, disent-ils, condamne le Parti travailliste à la défaite en 2020 et entrave leur combat en faveur d'un Brexit en douceur susceptible de maintenir un contact étroit avec l'Union européenne.

"Nous sommes en route pour une déroute historique et catastrophique", a prédit John Woodcock. "Le pays a aujourd'hui vraiment besoin d'une opposition efficace et il faut une alternative à l'approche adoptée par les conservateurs que je juge vraiment néfaste sur la question de la sortie de l'Union européenne."

Dans la foulée de la défaite du Labour à Copeland, Jeremy Corbyn n'a laissé transparaître aucune volonté d'infléchir sa position.

"Pour accéder au pouvoir, pour reconstruire et transformer la Grande-Bretagne, le Labour ira plus loin dans ses efforts pour renouer les liens avec les électeurs (...)", a-t-il dit dans un communiqué.

La défaite est également amère pour l'Ukip qui n'est pas parvenu à chasser le Parti travailliste à Stoke malgré les ressources considérables engagées pour décrocher un deuxième siège aux Communes.

L'ancien dirigeant de l'Ukip, Nigel Farage, avait prévenu la semaine dernière que le résultat de Stoke était crucial pour l'avenir du parti.

"L'heure de l'Ukip viendra (...) il nous reste encore beaucoup de beaux jours devant nous", a promis Paul Nuttall dont la campagne a été émaillée d'incidents et de faux pas.

"Si vous voulez devenir une force électorale et politique dans ce pays, il faut être capable de gagner des élections partielles dans un contexte difficile", a dit à Reuters Rob Ford, universitaire à Manchester et spécialiste de l'Ukip.

"S'ils n'y arrivent pas lorsque les circonstances sont les plus propices, des questions vont commencer à se poser".

(Nicolas Delame pour le service français)