L'opposition syrienne veut que Moscou fasse pression sur Damas

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Reunion entre opposants syriens et diplomates russes a geneve[reuters.com]
(Crédits : Pierre Albouy)

GENEVE (Reuters) - La délégation de l'opposition syrienne aux négociations de Genève devrait rencontrer des diplomates du ministère russe des Affaires étrangères pour évoquer les "promesses non tenues" par la Russie et tenter d'amener Moscou à faire pression sur les représentants de Damas.

Mohammed Allouch, un de ses membres, avait annoncé dans un premier temps que cette réunion entre le Haut comité des négociations (HCN) et la délégation du ministère des Affaires étrangères se tiendrait dans la journée de lundi.

Dans l'après-midi, le négociateur en chef de l'opposition, Nasser al Hariri, a indiqué qu'elle aurait lieu mardi.

"Nous espérons que la rencontre de demain nous fournira une indication et que nous observerons un soutien véritable, positif et constructif en faveur du processus de paix", a-t-il déclaré à la presse.

"Nous espérons observer un soutien pour le processus de paix qui aboutira au final à la paix en exerçant une pression sur le régime", a dit Nasser al Hariri après s'être entretenu avec le médiateur de l'Onu, Staffan de Mistura.

A l'issue de ses deux heures de discussions avec l'émissaire onusien, Nasser al Hariri a déclaré avoir remis deux documents de protestation concernant la situation humanitaire catastrophique en Syrie et les violations du cessez-le-feu.

Mohamed Allouch, membre du groupe rebelle Djaïch al Islam, a indiqué quant à lui à Reuters que "Les Russes n'ont pas appliqué l'accord de cessez-le-feu, malgré les promesses faites au plus haut niveau de leur délégation".

TRANSITION POLITIQUE

Les négociations de Genève sous l'égide des Nations unies, qui ont repris jeudi dernier après dix mois d'interruption, ont été mises à mal pendant le week-end par des attentats djihadistes à Homs et raids de représailles de l'aviation syrienne.

"L'opposition veut voir les Russes pour leur dire de faire pression sur le gouvernement faute de quoi ce processus ne mènera nulle part", disait dans la journée un diplomate occidental présent à Genève.

Contrairement aux précédentes négociations de Genève, suspendues en avril 2016, les Etats-Unis ne sont plus à la manoeuvre avec la Russie et Moscou, qui a déjà mis son poids dans la balance pour parvenir à l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 30 décembre, se retrouvé isolée au risque de devoir supporter seul le prix d'un nouvel échec.

"Pourquoi la Russie a-t-elle déployé tant d'énergie à faire en sorte que ces groupes s'accordent sur un cessez-le-feu et pourquoi ne cherche-t-elle pas à le rendre durable en exerçant les pressions nécessaires à Genève pour que la politique entre en jeu", s'interrogeait Bassma Kodmani, négociatrice du HCN, dans une interview accordée samedi à Reuters.

De sources diplomatiques et proches de l'opposition, on note que le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov et le directeur des affaires proche-orientales Sergueï Verchinine pourraient être au nombre des interlocuteurs du HCN.

Mohammed Allouch également indiqué que l'opposition souhaitait discuter de la crise humanitaire en Syrie et réaffirmer son point de vue selon lequel les pourparlers de Genève doivent avant tout porter sur une véritable transition politique.

(Yara Abi Nader, John Irish et Issam Abdallah; Jean-Philippe Lefief, Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)