Le renseignement militaire français s'ouvre à la société civile

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French soldiers are seen at the army base and command centre for france's 'vigipirate' plan, dubbed 'operation sentinelle', at the fort of vincennes, on the outskirts of paris[reuters.com]
(Crédits : © Pool New / Reuters)

CREIL, Oise (Reuters) - Vingt-cinq ans après la création de la très secrète direction du renseignement militaire (DRM), le renseignement français s'ouvre à la société civile en s'entourant de chercheurs et de start-up, pour faire face au mur du "big data" et aux nouvelles menaces.

Annoncé en décembre dernier, l'"Intelligence Campus" a été inauguré jeudi sur la base aérienne 110 de Creil (Oise) en présence du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers.

Présenté comme le "premier écosystème européen civil et militaire en traitement de la donnée", ce pôle, dont l'idée a germé après les attentats de 2015 en France, jouxtera les locaux de la DRM situés à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris.

Un millier d'emplois devraient être créés d'ici 2025 dans le cadre de cette agence d'innovation qui associera 28 entreprises (Thales, Safran, Airbus, notamment) et qui a conclu des partenariats avec huit universités et instituts de recherche (CNRS, Polytechnique, etc).

"L'idée c'est de réunir en un lieu des formateurs, des chercheurs, des universitaires, des industriels, des entrepreneurs ou encore des start-up", explique le général Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire.

"Aujourd'hui on est confronté au 'big data', et si nous ne nous mettons pas en marche avec ces différents acteurs nous allons dans un mur et nous serons incapables d'analyser toutes les données que nous recueillons", ajoute-t-il.

Dans les prochaines années, le nombre d'images reçues et traitées par la DRM à Creil devrait, selon lui, être multiplié par dix voire vingt.

"Nous n'allons pas multiplier par dix ou vingt le nombre d'analystes d'images, donc il nous fait trouver des systèmes, des algorithmes qui nous permettent d'analyser de façon automatique", dit-il.

Le premier diplôme dédié au renseignement devrait être ouvert en septembre 2017. Le centre de formation interarmées du renseignement (CFIAR), actuellement basé à Strasbourg, devrait emménager à Creil en 2020.

(Marine Pennetier, édité par Elizabeth Pineau)