Le gouvernement américain valide le projet Keystone XL

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Le departement d'etat americain valide le projet keystone xl[reuters.com]
(Crédits : © Todd Korol / Reuters)

par Jeff Mason et Ethan Lou

WASHINGTON/CALGARY, Canada (Reuters) - Le gouvernement américain a donné vendredi son feu vert à la construction de l'oléoduc Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis, une décision saluée par l'industrie pétrolière et dénoncée par les défenseurs de l'environnement.

Donald Trump a formellement annoncé l'attribution du permis présidentiel à l'entreprise énergétique canadienne TransCanada lors d'une cérémonie à la Maison blanche.

Le président américain était entouré du directeur général de TransCanada, Russell Girling, et de Sean McGarvey, président du syndicat Building Trades Union.

"TransCanada va désormais être en mesure d'achever efficacement et rapidement cet oléoduc qui aurait dû voir le jour depuis longtemps", a commenté Donald Trump.

Le projet, qui remonte à 2008, doit permettre de relier sur près de 1.900 km les sables bitumineux de l'Alberta aux réseaux d'oléoducs du Nebraska.

L'ancien président Barack Obama l'avait rejeté en 2015, estimant qu'il n'aurait aucun impact sur le prix de l'essence et contribuerait aux émissions de gaz à effet de serre.

Son successeur en a ordonné la mise en oeuvre dans un décret signé le 24 janvier, quatre jours après son investiture, ce qui a incité TransCanada à déposer un nouveau dossier.

En prenant une décision accélérée sur ce dossier, Donald Trump entend marquer sa volonté d'aller vite dans l'approbation des grands projets d'infrastructures, alors que les procédures de validation peuvent parfois prendre des années.

Pendant sa campagne, le magnat de l'immobilier avait promis 1.000 milliards de dollars d'investissements sur dix ans dans des grands travaux.

Donald Trump affirme que Keystone XL permettra la création de 28.000 emplois aux Etats-Unis. Un rapport du département d'Etat paru en 2014 estimait l'impact du projet à seulement 3.900 emplois de chantier et 35 postes permanents.

Le président américain, chantre de l'"America First", a exigé que les nouveaux oléoducs soient construits avec de l'acier produit aux Etats-Unis, mais Keystone XL dérogera à cette règle car une grande partie de l'acier destiné au projet a déjà été fabriqué et stocké, selon la Maison blanche.

800.000 BARILS PAR JOUR

Le projet Keystone XL doit permettre d'acheminer plus de 800.000 barils par jour de pétrole lourd canadien jusqu'aux raffineries et ports du golfe du Mexique, via le réseau existant d'oléoducs qui part du Nebraska.

Le ministère canadien des Ressources naturelles s'est félicité de la décision de Donald Trump. "L'importance d'un marché commun de l'énergie sur le continent ne peut être sous-estimée", a dit un porte-parole.

Le président de l'American Petroleum Institute, Jack Gerard, a salué une "nouvelle bienvenue" qui améliorera selon lui la sécurité énergétique des Etats-Unis.

Mais le feu vert accordé par la nouvelle administration ne veut pas dire que le chantier va démarrer prochainement car TransCanada doit encore boucler son financement, obtenir de nombreux permis locaux et repousser les recours prévisibles.

Etant donné que Barack Obama avait bloqué le projet en s'appuyant sur un rapport d'impact sur l'environnement commandé par le département d'Etat en 2014, les opposants à Keystone XL devraient faire valoir que la décision de l'ancien président ne peut être annulée sans une nouvelle évaluation.

La quête des permis s'annonce également difficile.

"Le permis présidentiel n'est qu'une partie des permis qu'il faudra obtenir au niveau fédéral, au niveau des Etats et au niveau local", explique Fred Jauss, du cabinet juridique Dorsey & Winney.

"D'autres agences fédérales comme le Corps du Génie, les commissions de régulation des Etats et même les conseils locaux pourraient avoir des exigences", dit-il.

"En outre, TransCanada pourrait devoir conclure des accords avec des centaines de propriétaires potentiellement affectés par le tracé du pipeline."

Les organisations écologistes promettent de poursuivre leur lutte à l'aide de pétitions et de manifestations.

"Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition", a promis Rhea Suh, présidente du Natural Resources Defense Council.

(Avec Timothy Gardner à Washington, uciana Lopez à New York, Ahmed Farhatha à Bangalore et Denny Thomas à Toronto, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)