Fronde des élus et appel à la grève générale en Guyane

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Fronde des elus et appel a la greve generale en guyane[reuters.com]
(Crédits : © Carlo Allegri / Reuters)

par Franck Leconte

CAYENNE (Reuters) - Les tentatives du gouvernement pour ramener le calme en Guyane française, paralysée par des mouvements sociaux, se sont heurtées samedi à une fronde des élus tandis que les syndicats appelaient à une grève générale à partir de lundi.

Les organisateurs de ces mouvements, soutenus par les élus locaux, réclament des services de l'Etat une lutte plus efficace contre la délinquance. La Guyane est le territoire de France où l'on compte le plus d'homicides (42 en 2016).

Le président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Rodolphe Alexandre, refuse d'aller à Paris entamer des négociations. Il réclame la tenue de discussions en Guyane même.

Une mission interministérielle de haut niveau, dont l'envoi avait été annoncé vendredi par le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, est arrivée samedi à Cayenne. Mais les élus locaux ont exprimé leur refus d'entrer en négociation tant qu'un membre du gouvernement ne ferait pas le déplacement.

"C'est une réponse qui n'est pas satisfaisante et je déplore que la ministre des Outre-Mer (ndlr, Ericka Bareigts) n'ait pas daigné interrompre son séjour sur l'île de La Réunion pour prendre conscience de l'enjeu et de l'intérêt de ce qui se déroule en ce moment en Guyane", déclarait Rodolphe Alexandre vendredi soir à la télévision publique Guyane Première.

"Je considère que c'est un mépris qui est adressé aux élus de la Guyane", ajoutait-il, précisant cependant que ses équipes techniques rencontreraient la délégation.

APPEL AU CALME

Les 22 maires de Guyane étaient invités à se rassembler samedi matin à Kourou, où la mobilisation populaire et les mouvements de blocage de routes ont pris naissance en début de semaine, pour apporter leur soutien aux collectifs mobilisés.

Les élus présents ont rédigé une motion pour signifier leur refus de discuter avec les hauts fonctionnaires. Symboliquement, tous ont retiré leur écharpe tricolore pour s'afficher derrière un drapeau aux couleurs de la Guyane, vert, jaune et rouge.

"Le mieux serait que chaque ministre, dans ses compétences, puisse venir", a dit le président de l'Association des maires de Guyane, David Riché. "Nous n'avons rien contre ces hauts fonctionnaires (...) mais on exige la venue d'un ministre. Il peut prendre l'avion demain matin, on l'accueillera les bras ouverts pour travailler. On veut des réponses qui seront signées en Guyane", a-t-il ajouté.

Les 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont pour leur part voté à l'unanimité une grève générale à partir de lundi.

En marge d'une visite au Salon du Livre, à Paris, Bernard Cazeneuve a pour sa part lancé un appel au calme. "Nous avons pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s'engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible", a-t-il déclaré.

"J'appelle à l'apaisement, j'appelle au calme, j'appelle au dialogue, parce que rien ne se construit dans le désordre et l'affrontement", a-t-il ajouté. "Je suis aussi très attaché à ce qu'en Guyane, comme partout sur le territoire national, ce soit le respect, la concertation, qui prévalent sur toutes les formes de violence."

Le département d'Etat américain a estimé vendredi que les mouvements sociaux en cours pouvaient devenir violents et a déconseillé à ses ressortissants d'aller en Guyane.

(Edité par Emmanuel Jarry et Henri-Pierre André)