La relation avec Moscou divise les candidats à la présidentielle

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(Crédits : © Maxim Shemetov / Reuters)

PARIS (Reuters) - La relation que la France doit entretenir avec la Russie et son président Vladimir Poutine divise les candidats à l'élection présidentielle française, sur fond de regain d'influence de Moscou lié aux conflits en Ukraine et en Syrie.

Le socialiste Benoît Hamon, qui avait exprimé son désaccord avec François Fillon, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, partisans d'un rapprochement, lors du débat télévisé entre les grands candidats lundi, a réaffirmé cette divergence dimanche.

"Je ne réserve pas mes premières visites à M. Poutine, M. Poutine qui veut affaiblir l'Europe", a-t-il dit sur BFMTV, deux jours après une rencontre entre Marine Le Pen et le président russe à Moscou.

"M. Fillon, Mme. Le Pen, un peu Jean-Luc Mélenchon aussi, sont fascinés par M. Poutine. Moi, je n'ai aucune fascination pour les régimes qui ne sont pas démocratiques, je n'ai aucune fascination pour ceux qui veulent aujourd'hui nous affaiblir", a poursuivi Benoît Hamon, dépassé cette semaine par Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) dans plusieurs sondages.

Après sa rencontre avec Vladimir Poutine vendredi, la candidate du Front national a déclaré que son premier geste à l'égard de la Russie, si elle est élue présidente le 7 mai, serait de réfléchir à une levée rapide des sanctions imposées à Moscou dans le cadre du conflit ukrainien.

Jean-Luc Mélenchon a critiqué cette visite et réfuté toute proximité de sa part avec Vladimir Poutine.

"Elle a fait une terrible erreur", a-t-il dit dimanche lors d'un meeting à Rennes, tout en critiquant "ceux qui m'ont attribué sans cesse je ne sais quelle accointance avec M. Poutine pour la raison que je dis depuis le début qu'il faut faire des Russes des partenaires quelle que soit la situation".

"Je n'ai pas d'amitié pour cet homme, ni d'entregent, ni de point commun au point d'aller en pleine élection chercher auprès de lui une poignée de main qui discrédite celui qui la touche pour la raison du contexte dans lequel on est", a-t-il ajouté.

POUTINE, "VRAI HOMME D'ETAT", DIT LE PEN

Marine Le Pen a quant à elle provoqué dimanche de très forts applaudissements lors d'un meeting à Lille en évoquant sa rencontre avec Vladimir Poutine, qu'elle a qualifié de "vrai homme d'Etat".

Jean-Luc Mélenchon avait estimé lundi lors du débat télévisé que "c'est le moment de négocier les frontières", provoquant la désapprobation de Benoît Hamon. "Il faut qu'on rediscute de toutes les frontières. Par exemple, la frontière entre la Russie et l'Ukraine est-elle à la fin de la Crimée ou avant ?".

"C'est extrêmement dangereux", avait répondu le candidat socialiste, en jugeant "pas acceptable" l'annexion de la Crimée par la Russie, tandis que François Fillon avait expliqué que Jean-Luc Mélenchon "a parfaitement raison".

"Quand monsieur Mélenchon pose la question des frontières, cette question doit être posée au regard du droit international et au regard du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", avait ajouté le candidat Les Républicains. "Ce débat, on ne peut refuser le voir s'ouvrir"

François Fillon avait récemment imputé la "dérive" de la Russie à l'adoption des sanctions économiques contre Moscou.

Emmanuel Macron avait lui aussi exprimé lundi son "désaccord" avec Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.

"Je ne construirai pas mon indépendance, comme vous le proposez Mme. Le Pen, en allant me rapprocher de M. Poutine", avait dit le candidat d'En Marche !, en tête des sondages pour le second tour de la présidentielle.

François Bayrou, soutien d'Emmanuel Macron, a jugé dimanche "inquiétant, profondément gênant et insupportable" ce qu'il a qualifié d'"influence" de Vladimir Poutine auprès de certains candidats, en évoquant Marine Le Pen et François Fillon.

Sur Radio J, le président du MoDem a dénoncé le fait que des candidats puissent "faire acte d'allégeance" au président russe.

(Jean-Baptiste Vey)