Les scientifiques se mobilisent contre les politiques de Trump

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(Crédits : David Gray)

WASHINGTON (Reuters) - Des milliers de scientifiques américains ont défilé samedi dans les rues de Washington et New York pour dénoncer les coupes financières souhaitées par Donald Trump dans les budgets de la recherche, les "faits alternatifs" et autres remises en cause de la science qu'ils reprochent à la nouvelle administration américaine.

Ces manifestations, sans précédent, coïncident avec la Journée de la terre. D'autres Marches pour les sciences ont été organisées dans plus de 600 villes dans le monde, comme en Australie, en France ou au Brésil, et dans d'autres villes des Etats-Unis.

A Berlin, des milliers de personnes se sont rassemblées, portant des banderoles "Nous aimons les experts, ceux qui ont des preuves", ou encore "La science, pas le silence", de l'université d'Humboldt à la porte de Brandebourg.

Selon les organisateurs 11.000 personnes étaient présentes à ce rassemblement.

En France, plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées dans une dizaine de villes. D'après les organisateurs, elles étaient environ 5.000 à Paris, un millier à Toulouse et Montpellier, 500 à Lyon et Marseille, 400 à Nantes et une centaine à Brest et à Orléans.

"La science n'est pas démocrate ou républicaine, libérale ou conservatrice", souligne le réseau à l'origine de la manifestation de Washington, insistant sur le caractère apolitique de la démarche.

"Il nous est récemment apparu qu'il était temps de prendre la parole", a expliqué Rush Holt, directeur de l'Association américaine pour l'avancement des sciences, et ancien élu démocrate, lors d'une conférence de presse.

INQUIÉTUDES

"Je ne dirais pas que c'est fondamentalement à cause de Donald Trump, mais il ne fait aucun doute que des inquiétudes sont apparues ces derniers mois sur toutes sortes de sujets", a ajouté ce spécialiste de physique nucléaire.

Parmi les sujets qui inquiètent la communauté scientifique américaine, le projet de Trump de réduire les budgets des agences fédérales intervenant dans le champ scientifique, comme l'Agence de protection de l'environnement (EPA) dont le président américain veut réduire de 31% la dotation financière dans le budget 2018.

Sa remise en cause du changement climatique, que Trump a présenté comme une invention des Chinois visant à nuire à la compétitivité des entreprises américaines, inquiète aussi les scientifiques au moment où la Maison blanche réfléchit à la nécessité de maintenir ou non les Etats-Unis dans l'Accord de Paris sur le climat.

"Il est important de montrer à cette administration que nous croyons aux faits", souligne Chris Taylor, un doctorant en robotique de la George Mason University, en Virginie, l'un des quelque 2.000 premiers manifestants arrivés sur le National Mall, l'esplanade qui s'étend au pied du Capitole, à Washington.

Plus globalement, les chercheurs américains dénoncent ce qu'ils voient comme un scepticisme croissant dans la classe politique et d'autres catégories de la société à l'égard des sciences qui se manifeste aussi sur des sujets comme les organismes génétiquement modifiés, l'évolution ou les vaccinations.

"C'est vraiment l'éternel débat entre les conceptions rationnelle et irrationnelle de l'univers", observe Elias Zerhouni, ancien directeur des Instituts nationaux de la santé.

Les organisateurs de la manifestation française notent que "la Marche pour les Sciences, initiée au Etats-Unis en réponse aux multiples positions antisciences du nouveau président des Etats-Unis, a pour objectif de défendre l'indépendance et la liberté des sciences. En France, la question du changement climatique, pourtant essentielle à l'échelle de la planète, est trop peu présente dans les débats de la campagne présidentielle."

(Ian Simpson, avec Frank McGurty à New York et Andrea Shalal à Berlin, Henri-Pierre André, Cyril Camu, Tangi Salaün et Nicolas Delame pour le service français)