Venezuela : Quatrième semaine de troubles politiques, de nouveaux morts

reuters.com  |   |  684  mots
Quatrieme semaine de troubles au venezuela[reuters.com]
(Crédits : Marco Bello)

par Brian Ellsworth et Diego Oré

CARACAS (Reuters) - Deux personnes ont été tuées lors d'une nouvelle journée de troubles politiques lundi au Venezuela, ce qui porte à 12 le nombre de morts survenus depuis le début du mois à l'occasion d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre dans le pays.

Dans la journée, des opposants au gouvernement ont bloqué la circulation, en organisant des "sit-in" monstres tandis que d'autres érigeaient des barricades à l'aide de déchets, baignoires et objets divers dans l'espoir d'obtenir des élections anticipées alors que la contestation contre le président Nicolas Maduro entre dans sa quatrième semaine.

Un homme de 42 ans, qui travaillait pour le gouvernement local de l'Etat andin de Merida, est mort d'un coup de feu reçu dans le cou lors d'une manifestation de soutien à Nicolas Maduro, ont dit le bureau du procureur et le médiateur.

Un autre homme, âgé de 54 ans, a été tué d'une balle reçue dans la poitrine lors d'une démonstration dans l'Etat agricole de Barinas, situé dans l'est du Venezuela, a ajouté le bureau du procureur sans préciser les circonstances de la mort.

Plusieurs personnes ont en outre été blessées dans les deux cas.

Depuis le début du mois, 11 personnes ont également péri durant des pillages nocturnes.

Le gouvernement socialiste accuse ses opposants de chercher à le renverser par la force avec l'appui des Etats-Unis, tandis que l'opposition dénonce les penchants autoritaires et l'incompétence du chef de l'Etat face à la grave crise économique que traverse le pays.

Outre des élections, l'opposition demande la libération des militants emprisonnés. La colère de la rue est aussi alimentée par la crise économique.

"J'ai le ventre vide parce que je ne trouve rien à manger", déclare Jeannette Canozo, femme au foyer de 66 ans, qui accuse la police d'avoir eu recours à des balles en caoutchouc contre les manifestants pour démanteler dans la matinée une barricade dressée sur une avenue de Caracas.

Brandissant le drapeau national, les manifestants ont dénoncé les pénuries, l'inflation galopante et l'insécurité en scandant: "Ce gouvernement est tombé!"

STRATÉGIES NOUVELLES

Pour tenter de maintenir la pression sur le gouvernement, l'opposition est à la recherche des stratégies nouvelles, comme avec les protestations silencieuses sous forme de "sit-in".

Lundi à Caracas, les manifestants tentaient de se rejoindre sur une artère importante où, en fin de matinée, plusieurs centaines de personnes étaient assises, jouant aux cartes, protégées du soleil par des chapeaux et des ombrelles.

Dans l'Etat de Tachira, à l'un des nombreux "sit-in" prévus dans tous le pays, certains jouaient au Ludo, un jeu de société, tandis que d'autres attendaient, drapeaux à la main.

Lundi à la mi-journée, les manifestations étaient largement pacifiques, mais les heurts se produisent en général plus tard.

Ce mouvement de contestation est le plus important depuis la vague de manifestations du printemps 2014, qui a fait 43 morts.

Les manifestations de cette année ont commencé quand la Cour suprême, favorable au gouvernement, s'est arrogée les pouvoirs de l'Assemblée nationale, le Parlement monocaméral, où l'opposition est majoritaire. Face au tollé, la Cour a rapidement fait marche arrière, mais, quelques jours plus tard, la mise à l'écart de la vie politique du chef de file de l'opposition Henrique Capriles a galvanisé les forces d'opposition.

Plus de 1.400 personnes ont été arrêtées depuis le début du mois dans le cadre des manifestations et 636 d'entre elles étaient toujours en détention lundi, selon le groupe de défense des droits Penal Forum.

Sous pression pour organiser des élections, Nicolas Maduro a souhaité la tenue rapide des élections des gouverneurs, qui auraient dû avoir lieu l'an dernier. Mais rien n'indique que le gouvernement acceptera d'avancer la prochaine présidentielle comme le réclame l'opposition. Le vote est prévu fin 2018.

(Avec Andreina Aponte, Carlos Garcia Rawlins et Efrain Otero à Caracas, Anggy Polanco et Carlos Eduardo Ramirez à San Cristobal; Jean-Stéphane Brosse, Danielle Rouquié et Benoît Van Overstraeten pour le service français)