Les manifestations continuent au Venezuela, le bilan s'alourdit

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Le bilan s'alourdit au venezuela apres de nouvelles manifestations[reuters.com]
(Crédits : Marco Bello)

par Andrew Cawthorne et Eyanir Chinea

CARACAS (Reuters) - Les forces de sécurité vénézuéliennes ont tiré des grenades lacrymogènes et au canon à eau sur des manifestants qui leur lançaient des pierres mercredi sur un pont de Caracas alors que le bilan des violences politiques s'est encore alourdi pour atteindre au moins 29 personnes.

Un manifestant de 20 ans a trouvé la mort lors de ces affrontements avec la police après avoir été touché par une bouteille de gaz, ont dit des responsables du district de Chacao, situé dans l'est de la capitale.

Les autorités ont également fait état de deux autres décès suite à des violences : un jeune homme de 22 ans est mort mardi soir après avoir été blessé par balles pendant une manifestation dans la ville industrielle de Valencia.

De son côté, un homme de 28 ans, qui avait participé à une manifestation de soutien au gouvernement, est mort après avoir reçu une balle dans l'estomac dans l'Etat de Tachira.

Les mouvements de protestation contre le gouvernement du président Nicolas Madura qui secouent le pays depuis le début du mois ont donné lieu à la plus forte vague de violence dans le pays depuis 2014.

Malgré les violences, les opposants continuent à manifester pour exiger des concessions de la part du gouvernement du président Nicolas Maduro, dont les partisans ont aussi défilé mercredi dans les rues de Caracas pour dénoncer le "terrorisme" de l'opposition.

LE VENEZUELA ANNONCE QUITTER L'OEA

La police anti-émeute est intervenue pour disperser plusieurs milliers de manifestants qui tentaient de gagner le centre-ville en empruntant un pont autoroutier dans l'est de la capitale. Des échauffourées s'en sont suivies dans les rues adjacentes.

Les opposants à Nicolas Maduro réclament des élections anticipées, la libération des prisonniers politiques et plus d'autonomie pour l'Assemblée nationale, le parlement monocaméral, où l'opposition est majoritaire.

Le mécontentement est alimenté par la grave crise économique que traverse ce pays de 30 millions d'habitants malgré ses importantes ressources pétrolières.

Nicolas Maduro estime de son côté que ses ennemis cherchent à le renverser, avec l'aide des Etats-Unis, à l'image de la tentative de coup d'Etat ratée en 2002 contre le président de l'époque Hugo Chavez.

La ministre des Affaires étrangères vénézuélienne Delcy Rodriguez a déclaré dans la journée que le pays allait quitter l'Organisation des Etats américains (OEA), disant que cette décision était une réponse à la campagne, soutenue par Washington, contre le parti socialiste au pouvoir.

L'annonce du retrait de l'OEA vient après que cette instance a décidé de convoquer une réunion des ministres des Affaires étrangères de ses membres pour discuter de la situation au Venezuela.

Nicolas Maduro avait dit mardi que le pays quitterait l'organisation si cette réunion était organisée.

En quittant l'OEA, le Venezuela s'enfonce un peu plus dans un isolement diplomatique alors que des partis de droite sont revenus au pouvoir dans nombre de pays en Amérique latine.

(Andrew Cawthorne, Eyanir Chinea et Brian Ellsworth, Tangi Salaün et Benoît Van Overstraeten pour le service français)