par Makiko Yamazaki

OSAKA (Reuters) - Nintendo a dit jeudi s'attendre à un bond de 121% de son résultat d'exploitation sur l'exercice fiscal clos le 31 mars 2018 grâce la forte demande pour sa nouvelle console Switch.

Nintendo s'attend à dégager 65 milliards de yens de profits (536 millions d'euros) contre 29,4 milliards de yens sur l'exercice précédent. Cette prévision est toutefois sensiblement inférieure au consensus Thomson Reuters I/B/E/S qui s'établit à 103,67 milliards de yens.

Le groupe de Kyoto s'est fixé pour objectif de vendre 10 millions d'exemplaires de la Switch sur l'exercice en cours en plus des 2,7 millions d'unités vendues sur le seul mois de mars qui a vu son lancement planétaire.

"J'ai été soulagé par l'excellent départ de la Switch", a déclaré le président Tatsumi Kimishima, lors d'une conférence de presse. "Si l'objectif de 10 millions (de consoles vendues) est atteint... cela veut dire que la dynamique des ventes sera proche de celle de la Wii", la plus populaire des consoles lancées par le groupe du jeu vidéo.

Prié de dire si la prévision de profit n'était pas trop réservée au vu des bons débuts de la Switch, Kimishima a dit que ce n'était pas un objectif facile à réaliser en raison de la hausse des coûts de marketing liée au lancement de la nouvelle console.

La forte dynamique des ventes initiales a alimenté les spéculations dans l'industrie d'un succès de la Switch, un hybride entre une console de salon et un appareil de poche, comparable à celui de la Wii.

Cette dernière, sortie en 2006, s'est vendue à près de 20 millions d'exemplaires dès la première année avec plus de 100 millions d'unités vendues au total.

"Nintendo a beaucoup appris de ses erreurs passées", a souligné Hirokazu Hamamura, directeur de la maison d'édition spécialisée Kadokawa Dwango et expert des jeux vidéos.

Il a expliqué que contrairement à la Wii U qui l'a précédée, la Switch bénéfice d'une gamme de jeux plus étoffée et développés par des studios indépendants de Nintendo qui a rendu sa nouvelle console compatible avec de nombreux jeux très populaires dès le départ.

Le succès initial de la Switch a aussi alimenté les espoirs d'un redressement durable des profits de Nintendo dont l'action a bondi de près de 20% depuis le lancement.

Le succès de la Wii avait permis au groupe nippon d'engranger des profits records de 555 milliards de yens en 2009 mais les déboires de la Wii U, pénalisée notamment par l'absence de titres populaires et la migration des consommateurs vers les jeux pour smartphones, avaient ensuite conduit Nintendo à accuser trois exercices annuels dans le rouge jusqu'à fin mars 2014.

Certains analystes sont toutefois sceptiques sur le maintien des ventes de la Switch sur leur trajectoire initiale.

Jay Defibaugh (CLSA) estime, dans une récente note de recherche, que le succès initial de la Switch n'est pas porté par un jeu qui met le mieux en avant ses spécificités, comme la détection de mouvements vidéo mais "par un jeu qui peut aussi bien se jouer sur une PlayStation ou une Xbox."

"Notre point de vue est que, contrairement à la Wii qui a rencontré un très grand succès, de nombreuses caractéristiques uniques de la plateforme Switch ne sont pas les moteurs principaux des fortes ventes initiales, ce qui rend Nintendo vulnérable à la pénurie structurelle de titres développés par des indépendants, à la déficience de l'offre en ligne et à une moindre qualité graphique."

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)