Zodiac : Le président part, les discussions avec Safran continuent

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President du directoire de zodiac sur le depart[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

par Cyril Altmeyer et Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Zodiac Aerospace a annoncé vendredi le départ prochain du président du directoire Olivier Zarrouati et l'arrivée de l'ex-PDG de l'équipementier automobile Faurecia comme conseiller spécial, après un nouveau "profit warning" un mois et demi à peine après le précédent.

L'équipementier aéronautique et une porte-parole de Safran ont reconfirmé la poursuite des discussions en vue d'une fusion, mais Zodiac a dit préparer un scénario alternatif si l'opération échouait à créer le numéro trois mondial du secteur.

Zodiac rebondit fortement en Bourse au lendemain d'une chute liée notamment à des informations de presse prêtant aux deux groupes l'intention de jeter l'éponge. Zodiac s'adjuge 3,14% à 21,51 euros vers 13h20, affichant l'une des plus fortes hausses du SBF 120 tandis que Safran cède -1,11% dans un marché atone (+0,22% pour la CAC 40).

Les discussions avec Safran vont "bon train" et Zodiac attend désormais les conclusions de son repreneur potentiel sur le travail de "due diligence supplémentaire" désormais achevé, a déclaré Olivier Zarrouati lors d'une conférence téléphonique.

"Un scénario alternatif à une fusion avec Safran doit exister en raison des vents contraires que rencontre le projet", a-t-il dit, soulignant que le rapprochement avec Safran restait le scénario prioritaire de Zodiac par rapport à un maintien de l'indépendance du groupe.

"Le changement de gouvernance renforce la crédibilité des deux scénarios possibles", a dit Olivier Zarrouati au sujet d'une transition prévue pour durer le temps que Safran finalise les discussions avec Safran.

Après dix ans à la tête de Zodiac, Olivier Zarrouati a présenté jeudi sa démission au conseil de surveillance, qui lui a demandé de rester en poste pour assister le nouveau conseiller spécial du groupe, l'ex-PDG de Faurecia Yann Delabrière.

Ce transfuge marque le souci accru des constructeurs aéronautiques de s'inspirer de l'efficacité des méthodes de production de l'automobile au moment où le secteur doit faire face à une montée en cadence de production de programmes d'avions de plus en plus complexes.

L'expertise de Yann Delabrière, qui a travaillé plus de 25 ans dans l'automobile, sera d'autant plus précieuse que Zodiac, qui avait repoussé sans ménagement les avances de Safran en 2010, a depuis deux ans accumulé les retards de livraisons en raison de problèmes d'organisation de sa production.

Zodiac a de nouveau abaissé vendredi sa prévision de résultat opérationnel courant pour 2016-17, disant désormais tabler sur 200 à 220 millions d'euros alors que sa prévision présentée mi-mars lors de la publication de son chiffre d'affaires semestriel portait sur environ 240 millions contre 269,6 millions en 2015-16.

"Nous avons ajouté une couche de prudence supplémentaire dans notre évaluation", a pudiquement résumé Olivier Zarrouati.

Les difficultés du pôle Zodiac Seats UK, qui ont fait l'objet d'une annonce mi-mars à la surprise du marché et de Safran, près de deux mois après l'annonce du projet de fusion, devraient se résorber d'ici décembre 2017, précise Zodiac.

Ces "importants problèmes opérationnels" ont engendré des surcoûts non anticipés d'environ 40-50 millions d'euros, ajoute le groupe.

Dans l'ensemble de la branche Seats, à l'origine des premiers retards qui ont impacté son activité, Zodiac dit viser une croissance moyenne annuelle de 4%.

PERTE OPÉRATIONNELLE AU S1

Dans la branche Zodiac Cabins, plusieurs signaux positifs permettent d'anticiper une réduction des surcoûts au second semestre, ajoute le groupe dans un communiqué.

Le programme des toilettes de l'A350, dont les retards ont valu à Zodiac d'être tancé publiquement par Airbus, est désormais livré à l'heure par rapport au calendrier révisé avec l'avionneur.

Au premier semestre, la perte opérationnelle courante du pôle Aircraft Interiors de cabines s'est creusée à 130 millions d'euros contre une perte de 73 millions sur la période correspondante de 2015-16.

Au total, Zodiac a accusé une perte opérationnelle courante avant IFRS de 11,5 millions d'euros au premier semestre contre un bénéfice de 80,4 millions un ans plus tôt.

Le fonds activiste TCI, actionnaire des deux groupes, n'a pas tardé à réagir à ces résultats qu'il a qualifiés de "désastreux" et a exhorté Zodiac à procéder en urgence à une augmentation de capital, jugeant sa situation financière grave.

Olivier Zarrouati a assuré que Zodiac devrait respecter ses covenants en fin d'exercice et que ses financements étaient assurés si cela devait ne pas être le cas.

Zodiac a fait état d'un endettement financier net creusé à 1,325 milliard à fin février contre 1,057 milliard à fin août 2016, au terme de l'exercice précédent.

Dans une déclaration transmise à la presse, TCI, qui combat sans relâche le projet de fusion, a de nouveau réclamé son abandon, jugeant surévaluée l'offre de 8,55 milliards d'euros qu'avait proposée Safran le 19 janvier aux actionnaires de Zodiac.

Une source financière a déclaré à Reuters mi-avril que Safran étudiait un plan de secours pour abaisser et éventuellement simplifier son offre.

Safran réunit le 15 juin ses actionnaires en assemblée générale annuelle.

Et selon une source proche de Zodiac, il n'y a pas de discussions avec un autre actionnaire possible pour le groupe.

(Avec Gilles Guillaume, édité par Matthieu Protard)