Grève générale au Brésil, des heurts entre police et manifestants

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Greve generale au bresil, des heurts entre police et manifestants[reuters.com]
(Crédits : Ricardo Moraes)

par Brad Brooks et Anthony Boadle

SAO PAOLO/RIO DE JANEIRO (Reuters) - Le Brésil a vécu vendredi une journée de grève générale inédite en plus de vingt ans, marquée dans plusieurs grandes villes par des heurts entre manifestants opposés aux mesures du président Michel Temer et forces de l'ordre, ainsi que des véhicules incendiés.

Les syndicats avaient appelé à la grève générale pour protester contre la politique d'austérité du président Michel Temer, qui tente de faire adopter au Congrès une réforme visant à assouplir le droit du travail avec notamment un allongement de la durée des cotisations retraites.

Les transports de plusieurs grandes villes ont été paralysés. A Rio, les carcasses carbonisées d'au moins huit autobus publics jonchaient le centre-ville. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc pour disperser des manifestants masqués. A Sao Paolo, les manifestants se sont dirigés vers la résidence présidentielle.

Temer et des membres de son gouvernement de centre-droit ont estimé que l'appel à la grève générale avait été un échec. Le ciblage des transports publics par les syndicats a empêché les Brésiliens de se rendre au travail, ont-ils estimé.

Les syndicats ont salué le succès de la mobilisation, dénombrant des millions de grévistes dans des secteurs clés (constructeurs automobiles, raffineries, écoles et banques) dans les 27 unités administratives du pays.

"Il est important d'envoyer un message au gouvernement: le pays est attentif à ce qu'ils font, retirer les droits des travailleurs", déclarait Marco Clemente, à la tête d'un syndicat de la radio et de la télévision de 4.000 membres, sur un piquet de grève devant les locaux du diffuseur public EBC à Brasilia.

Michel Temer, qui était à Brasilia, a condamné la violence de certains des manifestants. De "petits groupes" ont empêchés la population d'utiliser les transports publics, a-t-il dit dans un communiqué, assurant que "le travail en vue de la modernisation de la législation nationale allait continuer".

La dernière grève générale au Brésil remonte à 1996, les manifestants protestaient alors contre les privatisations et la réforme du droit du travail conduites par l'ex-président Fernando Henrique Cardoso.

PRODUCTION PERTURBÉE

Près d'un tiers du gouvernement de Michel Temer et plusieurs de ses alliés au Congrès sont sous le coup d'enquêtes judiciaires déclenchées dans le sillage de la retentissante affaire de corruption "Lava Jato" ("Lavage express") autour de la compagnie pétrolière Petrobras.

La cote du président Temer est en chute libre. Il a succédé à Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT, gauche), destituée en août dernier pour maquillage des comptes publics.

Certains experts jugent cependant que la grève de vendredi n'aura pas d'impact immédiat sur les mesures, qui devraient passer au Congrès, où Temer continue de disposer d'un soutien majoritaire.

La grève a eu un fort impact sur la production automobile à Sao Paolo, région qui concentre les constructeurs.

General Motors, Ford, Toyota et Daimler ont cessé leur production, a-t-on appris de responsables, de représentants syndicaux et d'analystes.

Fiat Chrysler, premier constructeur au Brésil, a dit maintenir des opérations normales.

Selon des responsables syndicaux, la plupart des employés de Petrobras ont fait grève. La direction a déclaré que la production n'avait pas été affectée.

(Pedro Fonseca à Rio de Janiero et Brad Haynes, Alberto Alerigi, Roberto Samora et Guillermo Parra-Bernal à Sao Paulo; Julie Carriat et Danielle Rouquié pour le service français)