Etat d'alerte relevé après l'attentat à Manchester, l'auteur identifié

reuters.com  |   |  965  mots

par Michael Holden et Andy Bruce

MANCHESTER, Grande-Bretagne (Reuters) - La Première ministre britannique, Theresa May, a annoncé mardi soir avoir relevé l'état d'alerte à son niveau maximal et ordonné le déploiement de l'armée après l'attentat qui a fait lundi soir au moins 22 morts, dont des mineurs, à la sortie d'un concert à Manchester.

La police britannique avait annoncé un peu plus tôt que l'auteur présumé de l'attentat suicide, qui a été revendiqué par le groupe Etat islamique, s'appelait Salman Abedi, un jeune homme de 22 ans.

Elle n'a pas fourni davantage de précisions sur le profil du suspect mais de sources proches des services de renseignement américains, on indique qu'il est né à Manchester en 1994 de parents d'origine libyenne.

La police a également arrêté un homme de 23 ans dans le cadre de l'enquête. Selon des médias britanniques, il pourrait s'agir du frère de Salman Abedi.

L'attentat perpétré à la fin d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à Manchester est l'attaque la plus meurtrière sur le sol britannique depuis les attentats de juillet 2005 dans les transports publics londoniens qui avaient fait 52 victimes.

Outre les 22 morts, de nombreux blessés dans un état très grave ont été placés en soins intensifs et plus d'une dizaine d'enfants ont été hospitalisés, ont indiqué les services sanitaires de Manchester et de sa région.

Se faisant l'écho de l'émoi international causé par cet attaque, Theresa May a dénoncé un acte "ignoble" visant des enfants et des adolescents.

A moins de trois semaines des élections législatives, dont la campagne a été suspendue, la Première ministre a annoncé que l'armée allait être déployée dans les sites sensibles et qu'elle pourrait être appelée en renfort pour assurer la sécurité de rassemblements publics comme les concerts ou les évènements sportifs.

UNE NOUVELLE ATTAQUE "IMMINENTE"?

Elle a ajouté que l'état d'alerte avait été relevé de "grave" à "critique", son niveau maximal, à la lumière des premiers éléments de l'enquête.

"Cela signifie qu'ils estiment que non seulement une attaque demeure très probable mais qu'une nouvelle attaque pourrait être imminente", a-t-elle prévenu lors d'une allocution télévisée après une réunion avec les responsables des services de sécurité et de renseignement britanniques.

Si le kamikaze semble avoir agi seul à la Manchester Arena, les autorités cherchent à savoir s'il n'a pas bénéficié du soutien d'un réseau, a déclaré le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins.

L'hypothèse selon laquelle le suspect fait partie d'un réseau ne peut pas être écartée, a confirmé Theresa May.

La police britannique a annoncé l'arrestation d'un homme de 23 ans, au sujet duquel elle n'a fourni aucun autre détail mais qui pourrait être, selon des médias britanniques, le frère de Salman Abedi.

Elle s'est aussi déployée dans des quartiers du sud de Manchester, Whalley Range et Fallowfield, où elle a procédé à une explosion contrôlée dans le cadre d'une perquisition. La famille de Salman Abedi vivait à Fallowfield dans les années 1990.

Son père est retourné en Libye après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, a dit Abdalla Yousef, un porte-parole de la mosquée de Didsbury, à Manchester, où la famille avait autrefois l'habitude de se rendre.

Il est possible que les deux frères aient depuis fait des allers-retours entre les deux pays, a-t-il ajouté. L'Etat islamique (EI) est fortement implanté en Libye.

Le groupe djihadiste a revendiqué l'attentat mais les éléments qu'il fournit dans deux messages contradictoires diffèrent de la version des faits donnée par la police, ce qui suscite des interrogations parmi les experts occidentaux des questions de sécurité.

MESSAGES CONTRADICTOIRES DE L'EI

L'un d'eux, diffusé sur la messagerie Telegram, évoque des engins explosifs déposés "au milieu d'un rassemblement de Croisés", tandis qu'un autre, relayé par l'organe de communication de l'EI, Amaq, parlait d'un "groupe d'assaillants". Cette dernière formule a par la suite été retirée.

L'EI, qui a revendiqué une série d'attaques commises sur le sol européen, comme à Paris, à Nice le 14 juillet dernier ou bien encore à Bruxelles, Saint-Pétersbourg, Berlin et Londres, ne nomme pas cette fois l'auteur de l'attaque, contrairement à ses habitudes.

Le mode opératoire n'en rappelle pas moins de précédents attentats islamistes.

D'après la police des transports, le kamikaze a activé sa charge au niveau des accès reliant la Manchester Arena, qui revendique le statut de plus grande salle de concert d'Europe avec une capacité de 21.000 spectateurs, au réseau de transports en commun de Manchester.

Selon une source proche de l'enquête, des pièces métalliques et des boulons avaient été ajoutés à la charge pour faire le plus possible de victimes.

Des images de panique à l'intérieur et à l'extérieur de la salle sont rapidement apparues sur les réseaux sociaux, sur lesquels de nombreux parents affolés se sont précipités pour tenter d'obtenir des nouvelles de leurs enfants présents au concert.

Ariana Grande, qui n'a pas été touchée, est rentrée aux Etats-Unis, rapporte mardi soir un journal britannique.

De nombreux dirigeants à travers le monde, dont le président français Emmanuel Macron, ont adressé des messages de solidarité à la Grande-Bretagne.

Cet attentat a notamment ravivé en France le souvenir des attaques du 13 novembre 2015 à Paris, elles aussi revendiquées par l'EI, au cours desquelles 90 personnes ont notamment été tuées dans la salle de spectacles du Bataclan.

(avec Alistair Smout, Kate Holton, Elizabeth Piper, Paul Sandle et Costas Pitas à Londres; Nicolas Delame, Henri-Pierre André, Bertrand Boucey et Tangi Salaün pour le service français)