Pas encore d'accord sur le déblocage de l'aide à la Grèce

reuters.com  |   |  736  mots
Pas encore d'accord sur le deblocage de l'aide a la grece[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

par Jan Strupczewski et Francesco Guarascio

BRUXELLES (Reuters) - Les créanciers internationaux de la Grèce ne sont pas parvenus à trouver d'accord sur le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide à la Grèce, a annoncé lundi le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

"Nous avons eu cet après-midi une discussion approfondie sur la question de la soutenabilité", a déclaré le Néerlandais lors d'une conférence de presse.

Les différentes parties estiment toutefois avoir enregistré des progrès en vue du déblocage de cette tranche d'aide "avant l'été", a-t-il ajouté.

Ce versement est vital pour les finances publiques grecques qui devront rembourser plusieurs emprunts en juillet.

Selon Jeroen Dijsselbloem, le Fonds monétaire international pourrait s'impliquer dans le plan de soutien à la Grèce sous trois semaines, indiquant que le Fonds et les ministres des Finances de la zone euro étaient "très proches d'un accord" sur les termes d'un allègement de la dette grecque.

Les négociateurs se sont entendus pour fixer le déficit primaire grec, hors service de la dette, à 3,5% du PIB au maximum pendant les cinq années qui suivront l'expiration du programme d'aide, fixée à 2018, a-t-il ajouté.

CLARTÉ

La contribution du FMI au plan d'aide à la Grèce est l'une des conditions fixées par certains pays de la zone euro pour accepter qu'une nouvelle tranche d'aide soit versée à Athènes. Le FMI a toutefois prévenu à plusieurs reprises qu'il ne s'impliquerait qu'à condition que le bloc monétaire clarifie sa position sur les allègements qu'il est en mesure d'accorder à la Grèce et que le Fonds juge indispensables.

"Le sentiment, c'est qu'il faudra fournir davantage de travail pour obtenir cette clarté que réclament les marchés financiers et le peuple grec sur ce qu'il faut attendre (...)en termes d'allègement de la dette", a pour sa part déclaré ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos.

Il a toutefois fait part de son optimisme sur les chances de voir apparaître un accord d'ici trois semaines.

La Grèce a besoin de nouveaux crédits pour rembourser 7,3 milliards d'euros qui arrivent à échéance en juillet. Athènes a fait sa part en acceptant, après des mois de négociations avec ses créanciers, une baisse des pensions de retraite et des hausses d'impôts, des mesures adoptées jeudi par le Parlement.

LE FMI ESPÉRÉ

Un rapport préparé par des experts doit conclure que la Grèce a bien mis en oeuvre les "actions préalables" réclamées par ses créanciers, déclarent les responsables de la zone euro.

Mais l'objectif principal de l'Eurogroupe - inciter le FMI à participer au plan de sauvetage - pourrait être difficile à atteindre car le FMI veut que la zone euro s'engage dès aujourd'hui, plus fermement et dans le détail, à un allègement de la dette, même s'il n'aura lieu qu'en 2018, à la fin du plan.

Cette exigence du FMI est difficile à avaler pour l'Allemagne, à quelques mois d'une échéance électorale.

Jeroen Dijsselbloem a réaffirmé pour sa part qu'une décision formelle sur un éventuel allègement de la dette grecque ne pourrait intervenir qu'à l'expiration du programme en cours.

Un groupe de pays d'Europe du Nord conduit par l'Allemagne réclame que le FMI se joigne à un accord pour des raisons de crédibilité, estimant que l'approche de la Commission européenne vis-à-vis d'Athènes peut être parfois trop complaisante.

Les mêmes pays s'opposent toutefois à s'engager fermement en faveur d'un allègement de la dette grecque, de peur de déplaire à leurs opinions publiques. Ils craignent aussi qu'Athènes, une fois conclu un accord, cesse de poursuivre ses réformes.

Le FMI est convaincu qu'un allègement de dette, ou au moins la promesse claire d'un allègement aujourd'hui, est nécessaire pour restaurer la confiance des investisseurs dans le pays, en particulier si la Grèce, dont la dette représente 197% du PIB, veut revenir l'an prochain sur les marchés.

Mais l'Allemagne et ses alliés pensent que si la Grèce conserve un excédent primaire (hors service de la dette) suffisamment élevé pendant assez longtemps, avec les taux bas du MES, elle n'aura pas besoin d'un allègement de sa dette.

(Avec Renee Maltezou à Athènes, Juliette Rouillon, Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français)