Egypte : Arrestation d'un opposant, ancien candidat à la présidence

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L'egypte emet un mandat d'arret contre un ancien candidat a la presidence[reuters.com]
(Crédits : Amr Dalsh)

LE CAIRE (Reuters) - Un avocat des droits de l'homme, ancien candidat à la présidence égyptienne, a été arrêté mardi pour répondre à des accusations d'"atteinte à la morale publique" dans un contexte de répression accrue contre l'opposition avant l'élection présidentielle de l'an prochain.

Une plainte a été déposée par un "citoyen" contre Khaled Ali, 45 ans, après la publication d'une photo sur laquelle il ferait un "geste de la main obscène" devant un tribunal, a déclaré son défenseur, Malek Adli. L'avocat nie l'authenticité de la photo en question.

Khaled Ali, membre d'un petit parti de gauche, a été candidat à la présidentielle de 2012 face, notamment, à l'islamiste Mohamed Morsi, qui allait devenir le premier chef d'Etat librement élu de l'histoire de l'Egypte après le soulèvement contre l'autocrate Hosni Moubarak l'année précédente.

Khaled Ali a laissé entendre qu'il pourrait se présenter à nouveau l'an prochain, cette fois face au président sortant, Abdel Fattah al Sissi, qui a renversé Mohamed Morsi en 2013 lorsqu'il était à la tête de l'armée, et qui s'est fait élire l'année suivante à la présidence.

Abdel Fattah al Sissi, 62 ans, réprime depuis toute forme d'opposition, des islamistes aux jeunes libéraux à l'origine du soulèvement de 2011, et plusieurs personnalités susceptibles de le défier dans les urnes en 2018 ont récemment été arrêtées, selon les organisations de défense des droits de l'homme.

DÉCOURAGER TOUTE OPPOSITION

Une source judiciaire a confirmé que Khaled Ali avait été placé en détention pour 24 heures dans le cadre de l'enquête sur les faits qui lui sont reprochés. Il a été transféré du tribunal où il était interrogé à un commissariat de police où il devait passer la nuit.

Son interrogatoire reprendra mercredi et le procureur décidera à ce moment-là s'il doit être libéré sous caution ou si sa détention est prolongée, a ajouté la source.

La conseillère juridique du parti de Khaled Ali a dénoncé une mesure d'intimidation visant à discréditer l'avocat et décourager toute opposition politique.

"Nous sommes dans un Etat répressif. (L'arrestation d'Ali) est destinée à dissuader quiconque de se présenter à la présidence ou même d'y songer", a déclaré Elham Eidarous.

Khaled Ali a gagné en notoriété en janvier en obtenant de la justice qu'elle bloque un projet du gouvernement de restituer à l'Arabie saoudite deux îles de la mer Rouge, projet impopulaire contre lequel de nombreux Égyptiens avaient manifesté l'an dernier.

Il est en outre membre d'un parti dont le programme, "Pain et liberté", est susceptible de remporter un certain écho alors qu'Abdel Fattah al Sissi n'a pas réussi à relancer l'économie égyptienne et que l'inflation dépasse 30%.

Le chef de l'Etat sortant n'a pas encore dit s'il serait candidat à sa propre succession.

(Ahmed Aboulenein; Tangi Salaün pour le service français)