L'exécutif veut réformer vite malgré la pression syndicale

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La concertation sur les reformes sociales reprend a matignon[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre a confirmé lundi à la CPME sa volonté de boucler en septembre le premier train de réformes sociales, alors que les deux premiers syndicats, la CFDT et la CGT, pressent l'exécutif de poursuivre davantage les discussions.

Le président de l'organisation patronale, François Asselin, a dit s'être fait préciser le calendrier par Edouard Philippe et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, lors de leur rencontre.

"Loi d'habilitation dans le courant de l'été pour, au mois de septembre, aboutir sur la ratification des ordonnances", a-t-il dit aux journalistes à l'issue de leur entretien.

Avant lui, les dirigeants de la CFDT et de la CGT avaient demandé au Premier ministre et à la ministre de poursuivre la discussion au moins jusqu'à fin septembre, ce qui semble incompatible avec une ratification des ordonnances à ce moment.

"La CFDT a une nouvelle fois dit qu'il lui fallait du temps de concertation et que ce n'était pas pour gagner du temps, que ce n'était pas dilatoire. Mais il nous semble qu'il faut laisser jusqu'à fin septembre pour discuter", a dit le secrétaire général du syndicat, Laurent Berger.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a quant à lui déclaré, à propos des discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux : "Il faut largement que ça aille au-delà de l'été, c'est-à-dire le 21 septembre, largement".

L'exécutif souhaite, par des ordonnances, donner plus de portée aux accords de branches et d'entreprises, plafonner les indemnités prud'homales et réformer - voire fusionner - les instances représentatives des salariés.

Les réformes de l'assurance chômage et de la formation professionnelle seraient discutées à l'automne.

MORATOIRE SUR LA PÉNIBILITÉ, SELON LA CPME

François Asselin a ajouté que le gouvernement lui avait confirmé un prochain moratoire sur les obligations des entreprises liées au compte pénibilité.

"La question était très claire : est-ce qu'il y aura moratoire ? La réponse a été : 'oui, il y aura moratoire'", a-t-il dit.

Laurent Berger avait auparavant expliqué que, pour la CFDT, "il n'y a pas de moratoire possible" mais qu'il était ouvert à un travail de simplification de la mise oeuvre du dispositif.

Le secrétaire général de la CFDT a précisé que le gouvernement présenterait la semaine prochaine une lettre d'orientation sur les sujets qui seront discutés en profondeur.

Philippe Martinez a dit que le Premier ministre semblait vouloir appliquer la promesse de campagne d'Emmanuel Macron sur les indemnités prud'homales, alors que la CGT et d'autres syndicats estiment que le préjudice doit être apprécié de façon individuelle, sans être contraint par un barème ou un plafond.

Laurent Berger a répété son opposition et estimé que "ce sera sans doute un des points de désaccord pour la CFDT".

Sur la possibilité qui pourrait être donnée aux chefs d'entreprise d'organiser des référendums, le dirigeant de la CGT, opposé à l'idée que les salariés puissent avoir "le choix entre la peste et le choléra", a dit avoir senti qu'Edouard Philippe et Muriel Pénicaud l'avaient entendu.

Le président de l'U2P, Alain Griset, a quant à lui demandé que, sur le compte pénibilité comme sur le prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source, les entreprises ne soient plus responsables de cette mise en oeuvre.

Le Premier ministre et la ministre du Travail s'entretiendront mardi avec Emmanuel Macron.

Des rencontres auront lieu mardi et mercredi à Matignon avec la Fesac, la FNSEA, Sud Solidaires, l'Udes et l'Unsa et la ministre du Travail recevra les partenaires sociaux cette semaine pour approfondir les différents sujets.

Philippe Martinez a évoqué un rendez-vous avec Muriel Pénicaud mardi après-midi, Laurent Berger annonçant une rencontre jeudi matin.

Edouard Philippe s'exprimera mardi lors du journal de 20h00 de France 2.

(édité par Yves Clarisse)