Des expatriés priés de rester au Qatar

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Des expatries pries de rester au qatar[reuters.com]
(Crédits : Ibrahem Alomari)

DOHA (Reuters) - Des expatriés travaillant au Qatar rapportent que leurs employeurs ont annulé leurs congés et les empêchent de quitter l'émirat qui traverse une crise diplomatique d'une ampleur inédite.

Un responsable gouvernemental qatari a justifié jeudi les annulations de congés par le fait que les salariés concernés travaillent dans des "secteurs essentiels" dans lesquels les autorités souhaitent garder la main-d'oeuvre à leur disposition.

Il n'a en revanche pas évoqué de restriction au voyage ou admis que les étrangers étaient ciblés.

Des cadres et des ingénieurs de la société Qatar Petroleum ont dit que les premiers ordres avaient été adressés au lendemain de la rupture des relations diplomatiques entre Doha et l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte.

Accusé de soutenir le terrorisme, le Qatar subit depuis lors un blocus qui complique ses approvisionnements et entrave son économie.

"On m'a dit de ne pas voyager. Mon permis de sortie et mes vacances ont été annulés", a déclaré un expatrié britannique travaillant pour une filiale de Qatar Petroleum.

Un porte-parole de la compagnie pétrolière d'Etat a expliqué que "quelques salariés essentiels avaient été priés, à leur discrétion, de repousser leur départ".

Selon lui, les expatriés et les salariés qataris peuvent toujours demander à partir en suivant les procédures habituelles, mais il n'a pas abordé la question des permis de sortie.

A l'hôpital public Hamad, des médecins ont fait état de difficultés similaires et dit que les ordres reçus concernaient des centaines de personnes.

Le Qatar a instauré la règle de la "Kafala", un système de parrainage des salariés qui concerne l'écrasante majorité de la main-d'oeuvre locale et place les travailleurs étrangers sous la tutelle de leur employeur.

Les expatriés originaires d'Europe et d'Amérique se débrouillent en général pour obtenir plusieurs permis de sortie à la fois de la part de leur employeur, ce qui leur donne une plus grande souplesse pour se déplacer, contrairement à la main-d'oeuvre originaire d'Asie du Sud-Est.

"Certaines agences gouvernementales ont annulé les permissions de sortie afin que le personnel soit présent pour assurer les tâches essentielles, qu'il s'agisse de trouver de nouvelles voies d'approvisionnement et de permettre à la nourriture d'entrer dans le pays", a déclaré le responsable gouvernemental qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat.

(Tom Finn, Nicolas Delame pour le service français)