Gérard Collomb promet un plan pour les migrants

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Collomb ne veut pas de point de fixation a calais[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Pierre Savary

CALAIS, Pas-de-Calais (Reuters) - Gérard Collomb a annoncé vendredi à Calais un plan pour l'accueil des migrants en France "dans les 15 jours" et redit son refus de créer de nouveaux "points de fixation" dans cette ville où le Défenseur des Droits et les associations alertent sur les conditions de vie des candidats à l'exil.

C'est la première fois, depuis sa nomination, que le ministre de l'Intérieur se rendait à Calais où le nombre de migrants serait de 300 à 600 selon le Défenseur des Droits, Jacques Toubon. Ils étaient jusqu'à 8.000 avant le démantèlement de la "jungle" en octobre dernier.

Gérard Collomb a redit son opposition à l'ouverture d'un nouveau centre de migrants afin de ne pas favoriser d'"appel d'air".

"Il ne faut pas de centre d'accueil et d'orientation sur Calais pour ne pas reproduire ce qui avait été fait. De quelques centaines de migrants, on passe à quelques milliers. La politique d'asile, de flux migratoire, doit se faire au niveau du pays, il faut traiter les problèmes, mais ils ne peuvent pas l'être qu'à Calais", a-t-il dit après une rencontre avec les acteurs économiques de la ville et les associations humanitaires.

"Dans les prochaines semaines, nous allons réformer le droit d'asile : aujourd'hui, il fonctionne mal, il est urgent de le réformer. Nous allons essayer de traiter le problème de l'asile de manière à réduire les délais (d'instruction des dossiers-NDLR) de manière drastique", a-t-il précisé.

Il a rappelé qu'Emmanuel Macron lui avait demandé de proposer dans les 15 jours "un plan qui nous permettrait de traiter le problème de l'asile de manière plus facile qu'aujourd'hui".

"Nous ne voulons pas qu'il y ait de point de fixation qui ferait qu'à long terme on retrouverait 7.000 personnes qui soient installées ici, ce qui est totalement insupportable", avait-il auparavant souligné.

"UN DÉNI DE RÉALITÉ"

Le ministre a évoqué la mort d'un chauffeur routier polonais en début de semaine dans un accident provoqué par un barrage de troncs d'arbre dressé sur l'autoroute par des migrants.

"Ça ne peut pas se reproduire. Ça aussi, ça fait partie des droits de l'Homme et moi, un mort polonais, excusez-moi, je trouve que c'est un mort de trop", a-t-il dit.

Les associations humanitaires, qui se plaignent de l'attitude des forces de l'ordre et disent être empêchées de distribuer de l'eau aux migrants, ont fait part de leur mécontentement à l'issue de leur rencontre avec le ministre.

"On aimerait un endroit pour travailler dans la dignité, on ne l'aura pas. C'est le statu quo. On va continuer à travailler avec les entraves de la police. Mais on continuera", a commenté, amer, François Guennoc, responsable de «l'Auberge des migrants».

    «C'est un déni, un déni de réalité. Les migrants sont là, qu'on le veuille ou non! Nous, humanitaires, on veut les soigner, leur donner à boire, leur procurer des douches», a renchéri Baghdouche Trouve, coordinateur de Médecins du Monde.

Saisi par onze associations qui réclament le droit d'aider les migrants, le tribunal administratif de Lille doit rendre sa décision lundi.

"Nous étions mieux traités dans les autres pays que nous avons traversés. Là, interdiction d'eau, de douche, je ne comprends pas, on ne demande rien, juste de l'eau pour boire et se laver", témoigne Ahmed, un Afghan de 26 ans, qui dit être à Calais depuis un mois.

Le Défenseur des Droits, qui a déploré les conditions de vie des migrants à Calais dans une décision publiée jeudi, a appelé vendredi au respect des droits "insurpassables".

"Le droit à être à l'abri, le droit à la nourriture, (...), le droit à ne pas être traité de manière inhumaine, (...) sont des droits de base pour l'ensemble de l'humanité, pas seulement pour quelques personnes privilégiées", a-t-il déclaré sur RTL.

"Pour y arriver, il faut donner (...) un certain nombre de prestations qui sont susceptibles de répondre à ces droits, et par exemple, à la base, de l'eau et de la nourriture."

Emmanuel Macron a appelé jeudi à "la plus grande humanité" dans la gestion de la crise des migrants.

(Avec Danielle Rouquié, Cyril Camu et pool, édité par Sophie Louet)