L'ancien président khmer rouge nie tout génocide au Cambodge

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L'ancien president khmer rouge nie tout genocide au cambodge[reuters.com]
(Crédits : Handout)

par Prak Chan Thul

PHNOM PENH (Reuters) - L'ancien président khmer rouge Khieu Samphan a nié vendredi tout génocide au Cambodge sous le régime de Pol Pot au terme de son procès devant la justice cambodgienne.

Khieu Samphan, 85 ans, est jugé depuis janvier 2015 avec Nuon Chea, 90 ans, ancien "frère numéro deux" du régime, pour crimes contre l'humanité et génocide devant les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens.

Ces tribunaux soutenus par les Nations unies ont été créés spécialement pour juger les principaux dirigeants encore en vie du régime communiste qui a régné sur le pays entre 1975 et 1979 et causé la mort d'environ 1,7 million de personnes.

Pol Pot, "frère numéro un", est mort en 1998 sans avoir été jugé.

"Le terme de meurtre, je le rejette catégoriquement", a déclaré Khieu Samphan devant la cour lors de la dernière audience consacrée aux réquisitions et plaidoiries finales.

"Les dirigeants de la République populaire du Kampuchéa n'ont pas exterminé leur peuple. Quel intérêt auraient-ils eu à le faire?"

Khieu Samphan et Nuon Chea ont déjà été reconnus coupables de crimes contre l'humanité lors d'un premier procès et condamnés à une peine de réclusion à perpétuité en 2014.

L'ancien président khmer rouge a réaffirmé que le Vietnam, qui a mis fin au régime en 1979, avait inventé l'idée d'un génocide pour justifier son invasion du Cambodge, "avec la bénédiction des dirigeants cambodgiens actuels".

"Le Vietnam n'a jamais coopéré avec ce tribunal et a inventé l'idée inacceptable du génocide cambodgien", a-t-il dit.

Les purges sanglantes menées au sein du mouvement khmer rouge à la fin des années 1970 ont conduit de nombreux membres à fuir vers le Vietnam avant de revenir avec l'armée vietnamienne en décembre 1978 et renverser Pol Pot et ses lieutenants, qui se sont alors réfugiés à la frontière avec la Thaïlande.

La plupart des victimes du régime khmer rouge sont mortes de faim, de torture, d'épuisement ou de maladie dans les camps de travail ou exécutées à coups de bâton dans les "champs de la mort".

Selon Khieu Samphan, les détenus devaient travailler en raison "du besoin immédiat de résoudre le problème de la faim". "Est-ce quelque chose de criminel? Bien sûr que non."

Nuon Chea n'était pas présent à l'audience de vendredi en raison de "douleurs au dos". Il a suivi les débats via un lien vidéo.

Son avocat, Victor Kopper, a déclaré que le procès de son client n'était qu'un "procès spectacle destiné à servir les intérêts des agresseurs américains et vietnamiens".

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)