Nombre de villes italiennes, de Gênes à L'Aquila, basculent à droite

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Nombre de villes italiennes, de genes a l'aquila, basculent a droite[reuters.com]
(Crédits : Alessandro Garofalo)

par Steve Scherer et Gavin Jones

ROME (Reuters) - Les partis de centre droit ont nettement devancé le centre gauche dimanche lors du second tour des municipales italiennes, dernier test électoral dans la Péninsule avant les législatives qui doivent avoir lieu au plus tard fin mai 2018.

L'alliance constituée par Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, et la Ligue du Nord, parti anti-immigration, a remporté 55% des voix à Gênes, un fief de la gauche que la droite va diriger pour la première fois depuis plus de 50 ans. Dans les Abruzzes, un autre bastion de gauche, L'Aquila, a également basculé à droite.

Le chef du Parti démocrate (PD, centre gauche au pouvoir) Matteo Renzi, qui cherchait par ce scrutin à confirmer son grand retour sur la scène politique depuis qu'il a démissionné en décembre de la présidence du Conseil, sort grand perdant des municipales, même si, au plan national, le PD demeure l'un des plus grands partis politiques.

"Cela aurait pu mieux se passer", a reconnu Matteo Renzi sur Facebook, lundi matin. "Globalement, le résultat n'est pas fameux", a-t-il ajouté, estimant que "certaines pertes font mal, à commencer par Gênes et L'Aquila".

La droite a triomphé dans 15 des plus grandes villes où l'on votait dimanche, parmi lesquelles Vérone, Monza, Côme, Plaisance et Pistoia, alors que le centre gauche n'a remporté que quatre victoires.

La droite l'a emporté dans 79 villes au fil des deux tours de scrutin, en conquérant 25 nouvelles, tandis que le centre gauche l'a emporté dans 76 villes, soit une perte de 30, a constaté Deborah Bergamini, porte-parole de Forza Italia.

"Nous savions que le vent avait tourné. C'est un revers de taille pour le PD", a-t-elle dit à Reuters.

Agé de 80 ans, Silvio Berlusconi, qui a été quatre fois président du Conseil, a clamé victoire.

"Le centre droit est la plus large coalition dans le pays", a-t-il dit, estimant que les résultats permettaient à cette alliance de "se mettre au travail avec pour objectif décisif son retour aux affaires".

FAIBLE PARTICIPATION

Gênes est la dernière en date d'une série de défaites du PD dans ses bastions traditionnels. L'an dernier, le Parti démocrate avait perdu Turin, la quatrième plus grande ville de la Péninsule, mais aussi Rome, remportée par le mouvement 5 étoiles (M5S, populiste).

Le M5S, qui avait fait un mauvais premier tour le 11 juin, a réussi au bout du compte, au terme du second tour, à remporter huit nouvelles mairies. La ville de Parme, qu'il avait conquise en 2012, reste entre les mains du maire sortant, mais celui-ci a fait campagne en tant qu'indépendant, n'ayant plus les faveurs de la direction du mouvement.

"Nous sommes désormais à la tête de 45 mairies, contre 37 auparavant, ce qui fait une augmentation de 20%", a dit le fondateur du M5S, Beppe Grillo, sur son blog. "A chaque élection, nous progressons, c'est ce qui compte".

Le patron de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, a estimé que le résultat de Gênes montrait que le président du Conseil, Paolo Gentiloni, avait perdu le soutien du pays et devait démissionner.

"Aujourd'hui, Gentiloni doit se retirer. Les Italiens veulent le changement", a-t-il dit.

Les résultats de dimanche pourraient renforcer l'alliance des formations de droite, qui restent en concurrence au niveau national. Leurs bons scores laissent penser que lorsqu'ils se retrouvent sous une même bannière, ils deviennent une force de taille, avec laquelle il faudra compter lors des législatives de l'an prochain.

Le centre gauche gouverne l'Italie depuis quatre ans, au cours desquels la croissance en Italie a été de moitié inférieure à la moyenne de la zone euro. Trois chefs de gouvernement issus du PD se sont employés à remettre à flot un système bancaire étranglé par des créances douteuses et à gérer l'afflux d'un demi-million de migrants arrivés par la mer.

Le taux de participation n'a été que de 46% lors du second tour, ce qui est très faible pour l'Italie. Un bon nombre des 4,3 millions d'électeurs appelés aux urnes ont préféré sans doute aller à la plage par un dimanche caniculaire.

(Gavin Jones; Eric Faye pour le service français)