Le patron de la chimie d'Akzo prône indépendance et injection de capital

reuters.com  |   |  699  mots
Le patron de la chimie d'akzo prone independance et injection de capital[reuters.com]
(Crédits : United Photos)

par Toby Sterling

AMSTERDAM (Reuters) - La division de chimie de spécialité d'Akzo Nobel se développerait rapidement et de manière rentable si elle obtenait une injection de capital après avoir été cédée ou cotée, a déclaré à Reuters son directeur général, Thierry Vanlancker.

Akzo Nobel a remporté en juin une victoire face au groupe américain PPG Industries, qui a renoncé à lancer une offre hostile sur le fabricant néerlandais de peintures et de revêtements après plusieurs approches successives depuis mars, dont la dernière en date s'élevait à 26,3 milliards d'euros.

Dans le cadre de sa défense, le groupe a présenté une stratégie de création de valeur pour les actionnaires via une scission de sa division de chimie de spécialité d'ici avril 2018.

Akzo Nobel prévoit aussi une augmentation des ventes et des bénéfices de ses activités dans la chimie.

Certains analystes doutent toutefois que le propriétaire de la marque Dulux puisse atteindre ces objectifs en restant indépendant.

"Si nous avons donné l'impression d'être assez confiants en nous-mêmes, c'est parce que nous le sommes", a déclaré Thierry Vanlancker lors d'un entretien dans les locaux du groupe à Amsterdam. Selon lui, d'importants progrès peuvent être accomplis en étant indépendant.

La division Specialty Chemicals, qui fabrique des substances entrant dans la composition de produits comme des emballages plastiques, du papier de soie, des matériaux de nettoyage, des produits pharmaceutiques ou encore des adhésifs, a réalisé en 2016 un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) de 953 millions d'euros.

Thierry Vanlancker a expliqué que la maison mère avait été limitée sur le montant du capital qu'elle pouvait allouer aux produits chimiques, qui représentent environ un tiers des ventes et des bénéfices d'Akzo, mais qu'une injection de liquidités produirait un retour sur investissement significatif.

"En tant que société de peinture et de revêtement, tel qu'est considéré Akzo Nobel, il y a une certaine limite sur ce que l'on peut accorder à un tiers du groupe, car il faut également allouer du capital aux activités de peintures et de revêtements", a-t-il déclaré.

HAUSSE DE L'EBITDA DE €200 MLNS PAR AN

La division des produits chimiques estime pouvoir accroître l'Ebitda de 200 millions d'euros par an d'ici 2020 en investissant 100 millions par an entre 2018-2022, ce qui permettrait d'augmenter les capacités de sites de production tournant quasiment à plein régime. Cela s'ajoute à un objectif visant à doper l'Ebitda de 250 millions d'euros via un mélange de de croissance et de réduction des coûts.

Parmi les promesses d'Akzo Nobel ayant suscité des doutes, il y a celle d'une croissance annuelle de 4% du chiffre d'affaires sur la période 2017-2020, alors que ce dernier a baissé de 4% l'an passé. Le Fonds monétaire international (FMI) ne prévoit qu'une croissance économique de 2% en Europe où la division chimie d'Akzo réalise plus de 40% de ses activités.

La division a également promis de porter sa marge Ebit (bénéfices avant intérêts et impôts) à 16% en 2020 contre 13% l'an dernier, grâce à des économies dans les achats et sur les dépenses en capital via des partenariats avec des entreprises chimiques.

Dans l'ensemble, la division d'Akzo s'attend à ce que l'Ebitda progresse de 47% d'ici 2022 à 1,4 milliards d'euros.

Thierry Vanlancker a noté que cette confiance reposait sur les relations étroites du groupe avec ses clients.

"Ils partagent pleinement nos projets", a-t-il déclaré, ajoutant avoir une vision claire des besoins de ses clients qui pourraient acheter davantage si la livraison suivait.

Selon les analystes, l'activité chimique du groupe, qui a pour concurrents notamment Solvay, Clariant, Huntsman, BASF, Croda, Evonik et Kemira, est valorisée à huit à douze fois l'Ebitda 2016, soit environ 10 milliards d'euros. Ils estiment que cette valorisation serait dans la fourchette basse si le groupe optait pour une introduction en Bourse de sa division et dans la fourchette haute s'il choisissait une cession à un tiers, selon les modalités de l'opération.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)