Nestlé lance des rachats d'actions sous la pression de Third Point

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Nestle lance des rachats d'actions[reuters.com]
(Crédits : Pierre Albouy)

ZURICH (Reuters) - Nestlé, qui subit la pression du fonds activiste Third Point pour améliorer ses performances, a annoncé mardi un plan de rachats d'actions d'un maximum de 20 milliards de francs suisses (18,37 milliards d'euros) d'ici à juin 2020, à l'issue d'un examen stratégique.

Third Point, propriété de l'investisseur Daniel Loeb, a dit dimanche avoir pris une participation de plus de 1% dans Nestlé, mettant le groupe sous pression pour qu'il améliore ses marges, lance des rachats d'actions et se sépare d'actifs non stratégiques, à commencer par sa participation dans L'Oréal.

Nestlé, qui a dit que les annonces de mardi étaient le résultat d'une revue stratégique commencée au début de cette année, n' a pas fait mention de Third Point dans son communiqué.

Third Point s'est refusé à tout commentaire sur les annonces du géant suisse de l'agroalimentaire.

Ce dernier a précisé que son programme de rachats d'actions commencerait le 4 juillet et pourrait être ajusté si nécessaire en fonction des opportunités d'acquisition.

"Dans le contexte des faibles taux d'intérêt et de forte génération de cash flow, les rachats d'actions offrent une option viable pour la création de valeur pour les actionnaires", a expliqué la société dans un communiqué.

"En cas d'acquisitions majeures durant cette période, le programme de rachats d'actions sera adapté en conséquence", note Nestlé qui ajoute que le programme devrait "vraisemblablement être plus important en 2019 et 2020 pour permettre la poursuite d'opportunités d'acquisitions créatrices de valeur".

Nestlé prévoit par ailleurs de porter son endettement à 1,5 fois son résultat opérationnel courant avant dépréciation et amortissement (Ebitda) d'ici 2020 contre un ratio de 0,8 fois l'année dernière.

ESPOIRS DE CHANGEMENTS

L'action Nestlé a bondi de 4% lundi à la Bourse de Zurich dans l'espoir que l'entrée de Third Point à son tour de table pousse le nouveau PDG Mark Schneider à accélérer les changements. Le cours a reculé de 1,6% mardi.

Nestlé a précisé dans son communiqué que ses dépenses d'investissement seront particulièrement ciblées sur des catégories d'aliments et de boissons à croissance élevée, telles que le café, les produits pour animaux de compagnie, la nutrition infantile et l'eau embouteillée. Le groupe ajoute qu'il recherchera des opportunités de croissance dans les produits de santé grand public.

"L'annonce récente de Nestlé concernant l'exploration d'options stratégiques pour ses activités de confiserie aux Etats-Unis est en ligne avec cette approche générale", poursuit le communiqué. "Le groupe continuera à adapter son portefeuille conformément à sa stratégie et ses objectifs de croissance."

Loeb, déjà actif dans le passé chez Sony et Yahoo, a souligné qu'en dépit de son exposition à des catégories de produits prometteuses comme le café ou l'alimentation animale, Nestlé avait affiché des performances boursières inférieures à celles de ses concurrents au cours des dernières années et était "resté empêtré dans ses vieilles pratiques."

"Il est rare de trouver une entreprise de la qualité de Nestlé avec autant de possibilités d'amélioration", a écrit Loeb dans un courrier aux actionnaires de son fonds pour justifier son investissement.

Third Point préconise la vente de la participation de 23% détenue par le groupe suisse dans L'Oréal et que le produit de cette cession lui serve à racheter ses titres.

Il juge aussi que Nestlé devrait se fixer pour objectif une marge de 18% à 20% d'ici 2020, contre un peu plus de 15% actuellement et plus de 16% pour le concurrent Unilever et recommande davantage de recours à l'endettement.

La pression mise par Third Point sur le leader mondial de l'agroalimentaire et première capitalisation boursière européenne a remis en cause l'idée très répandue que le géant suisse aux plus de 2.000 marques était trop gros pour être déstabilisé.

Mark Schneider, qui a déjà rencontré Loeb, a peut-être voulu laisser entendre qu'il en était conscient en déclarant la semaine dernière à Berlin : "La taille à elle seule ne vous protège pas des vents du changement".

(John Miller et Silke Koltrowitz, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)