Toshiba poursuit WD et retarde la vente de ses puces

reuters.com  |   |  714  mots

par Makiko Yamazaki

TOKYO (Reuters) - Toshiba a repoussé mercredi la date envisagée pour la vente de sa division de semi-conducteurs et a annoncé avoir lancé à son tour une action en justice contre son partenaire Western Digital (WD) avec lequel il exploite leur principale usine de fabrication de puces au Japon.

Le conglomérat japonais, qui réclame une indemnisation de 120 milliards de yens (942 millions d'euros) auprès d'un tribunal de Tokyo, accuse le groupe américain d'interférer dans la vente de sa division de semi-conducteurs.

Toshiba dit également avoir pris la décision d'empêcher les salariés de Western Digital extérieurs à l'usine de Yokkaichi d'accéder aux informations relatives à leur coentreprise. Cette décision pourrait menacer le travail de recherche et développement sur les puces mémoire NAND de nouvelle génération.

WD a saisi la justice ce mois-ci pour empêcher Toshiba de vendre sa division de puces mémoire sans son consentement et une audience d'un tribunal américain sur sa demande d'injonction est prévue pour le 14 juillet.

Le conglomérat japonais compte sur cette cession, pour un montant d'environ 2.000 milliards de yens, pour compenser les pertes de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse.

Toshiba a désigné un acquéreur privilégié, un consortium emmené par un fonds adossé à l'Etat japonais et par le fonds américain Bain Capital, avec lequel il espérait conclure un accord définitif sur ce dossier ce mercredi, jour de son assemblée générale annuelle.

MESSAGES CONTRADICTOIRES

Le directeur général de Toshiba, Satoshi Tsunakawa, a toutefois déclaré devant les actionnaires que les discussions avec certains membres du consortium privilégié prenaient plus de temps que prévu.

"Cela prend du temps d'atténuer les divergences d'opinion entre les membres du consortium", a-t-il dit, après avoir présenté ses excuses pour une série de revers humiliants subis par le groupe, dont une relégation sur la deuxième section de la Bourse de Tokyo.

Avec ces derniers développements, la perspective d'une vente rapide et sans accroc de l'activité de puces mémoire NAND de Toshiba, deuxième fabricant mondial derrière Samsung Electronics, semble désormais incertaine.

En outre, WD a annoncé mardi avoir soumis une nouvelle offre de dernière minute avec le fonds d'investissement KKR sur la division de puces de Toshiba.

Les dirigeants de Toshiba continuent toutefois à souffler le chaud et le froid avec des messages contradictoires quant à leur volonté réelle de parvenir à un compromis avec le Western Digital.

"Western Digital interfère sans aucune raison dans la procédure de vente de la division de puces avec sa demande d'arbitrage et son action en justice", a déclaré Satoshi Tsunakawa, fustigeant son partenaire américain devant les actionnaires du conglomérat.

Le patron de la division de semi-conducteurs de Toshiba a pour sa part déclaré que le groupe japonais était prêt à faire des concessions et avait espoir de résoudre leur différend dès que possible.

Toshiba estime que l'offre de WD sur sa division de puces mémoires est trop basse et pourrait être bloquée par les autorités de la concurrence.

WD assure de son côté que sa nouvelle offre respecte la somme minimale réclamée par Toshiba, 2.000 milliards de yens, soit le même montant que la proposition du consortium privilégié.

Prié de commenter l'action en justice intentée par Toshiba, Western Digital a refusé toute sollicitation, se contentant de déclarer dans un communiqué qu'il avait réitéré ses préoccupations concernant la procédure de vente de cette division et la participation du sud-coréen SK Hynix dans le consortium choisi par son partenaire.

Dans le consortium privilégié par Toshiba, Bain Capital devrait être le principal contributeur avec un investissement pouvant atteindre 850 milliards de yens, dont la moitié viendra de SK Hynix, ont indiqué à Reuters trois sources la semaine dernière.

Toshiba dit toutefois être fermement opposé à une participation de SK Hynix, en raison notamment d'un risque de transfert de technologie.

En Bourse, l'action Toshiba a fini en baisse de 1,84% à 287,6 yens.

(Avec Sam Nussey, Taro Fuse et Kentaro Hamada; Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)