Le gouvernement de Theresa May à l'épreuve du vote de confiance

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Le gouvernement de theresa may a l'epreuve du vote de confiance[reuters.com]
(Crédits : Stefan Wermuth)

LONDRES (Reuters) - L'autorité de la Première ministre britannique va être mise à l'épreuve du vote de confiance au Parlement jeudi après la formation d'un gouvernement de coalition avec les extrémistes nord-irlandais du DUP et alors que sa vision du Brexit et ses politiques d'austérité font débat.

Privée de majorité absolue depuis son pari raté des élections législatives anticipées du 8 juin, Theresa May va écourter un déplacement à Berlin pour assister au vote de la Chambre des communes prévu en fin d'après-midi, a annoncé son porte-parole.

"Nous voulons évidemment que le discours de la Reine soit adopté", a-t-il déclaré en allusion au discours de politique générale rédigé par le gouvernement et prononcé la semaine dernière, comme c'est la tradition, par la reine Elizabeth.

La Première ministre a obtenu mardi de la Chambre le rejet d'un premier amendement déposé par l'opposition travailliste pour s'opposer à un projet de plafonnement des salaires de certains fonctionnaires, grâce au soutien des élus du Parti unioniste démocrate (DUP).

Mais le résultat serré du vote (323 voix contre 309) ne lui permet pas d'aborder l'échéance de jeudi en toute sérénité.

Pour ajouter à ses difficultés, ce n'est pas à un, mais à plusieurs votes que les députés vont procéder.

TROIS AMENDEMENTS SOUMIS AU VOTE

Trois amendements déposés par les partis d'opposition vont en effet être soumis aux voix et constitueront autant de tests pour la discipline de la nouvelle majorité gouvernementale, qui apparaît déjà fissurée sur plusieurs sujets clés.

Le premier des trois amendements retenus vise à garantir le droit à l'avortement en Irlande du Nord, alors que celui-ci est contesté par le DUP ; le second demande à Theresa May de changer d'approche sur la sortie de l'Union européenne, sa vision d'un "Brexit dur" étant contestée jusqu'au sein de son propre Parti conservateur ; le troisième l'appelle à renoncer aux politiques d'austérité, dont les effets ont été vivement critiqués après l'incendie meurtrier de la tour Grenfell, à Londres.

Chacun de ces votes permettra de jauger la loyauté de la majorité difficilement constituée par Theresa May mais aura aussi, du point de vue de l'opposition, l'avantage de la mettre en porte-à-faux vis-à-vis d'une opinion publique britannique de plus en plus critique.

Le chef de file du Labour, Jeremy Corbyn, a estimé jeudi que la Première ministre n'avait "pas de majorité, pas de mandat et pas de programme".

"Theresa May n'a pas de mandat pour continuer à fermer nos écoles, nos hôpitaux, nos commissariats et d'autres services publics vitaux ou pour tirer le Brexit vers le bas. Le Labour combattra ces politiques pied à pied", a affirmé le dirigeant travailliste dans un communiqué.

Le Labour est prêt "à former un gouvernement (...) au service du plus grand nombre et non de quelques-uns", a-t-il insisté en promettant un Brexit qui donne la priorité à l'emploi et un transfert des richesses et du pouvoir au peuple.

(Elizabeth Piper, avec Guy Faulconbridge; Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)