Erdogan renouvelle ses attaques contre l'Union européenne

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Erdogan renouvelle ses attaques contre l'union europeenne[reuters.com]
(Crédits : Umit Bektas)

par Daren Butler et Tuvan Gumrukcu

ANKARA/ISTANBUL (Reuters) - Le président Recep Tayyip Erdogan a fustigé dimanche l'attitude de l'Union européenne à l'égard de la Turquie, qui doit selon lui tracer son propre chemin.

Le chef de l'Etat, qui s'exprimait lors de l'inauguration d'une stèle à la mémoire des 240 personnes tuées lors du putsch manqué du 15 juillet 2016, a également réaffirmé qu'il approuverait "sans hésitation" la peine capitale si le Parlement en votait le rétablissement.

Erdogan a prononcé son discours dimanche aux premières heures devant le palais présidentiel d'Ankara, bouclant la longue liste d'événements qui marquaient ce week-end la commémoration du premier anniversaire de l'échec du coup d'Etat.

"La position de l'Union européenne est claire (...) Cinquante-quatre ans ont passé et elle nous mène toujours en bateau", a dit le président turc, accusant Bruxelles de n'avoir tenu aucune de ses promesses, d'un accord sur la libéralisation des visas à l'aide aux migrants syriens.

"Nous réglerons ces choses par nous-mêmes, il n'y a pas d'autre option", a-t-il dit.

Les liens entre Ankara et l'UE, qui remontent à la signature d'un accord d'association entre la Turquie et la CEE en 1963, se sont notoirement dégradés après le putsch manqué, en raison de l'ampleur des purges opérées depuis un an par le pouvoir en place. Cinquante-mille personnes ont été arrêtées, 150.000 autres limogées ou suspendues de leurs fonctions.

"CE QUE DISENT HANS ET GEORGE"

Sur le rétablissement de la peine capitale, "ligne rouge" à ne pas franchir pour Bruxelles, qui mettrait alors un terme aux négociations d'adhésion, Recep Tayyip Erdogan a déclaré "se moquer de ce que disent Hans et George".

"J'écoute ce que disent Ahmet, Mehmet, Hasan, Huseyin, Ayse, Fatma et Hatice", a-t-il lancé sous les applaudissements d'une foule brandissant des drapeaux turcs.

Le président Erdogan, le plus populaire et le plus clivant des dirigeants dans l'histoire récente de la Turquie, se voit lui-même comme le libérateur de millions de Turcs religieux privés pendant des décennies de leurs droits par l'élite laïque au pouvoir.

Dans une tribune publiée dimanche par le journal allemand Bild am Sonntag, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker affirme que l'UE reste déterminée à dialoguer avec Ankara qu'il invite à renforcer la démocratie et l'Etat de droit. Il met aussi en garde contre la peine de mort.

"Si la Turquie devait instaurer la peine de mort, le gouvernement turc claquerait définitivement la porte de l'UE", dit-il.

Devant des centaines de milliers de partisans rassemblés samedi soir à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan a promis de sévères représailles contre tous les "ennemis" de la Turquie, des séparatistes kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) à la conférie güléniste (surnommée Feto - "organisation terroriste güléniste" - par Erdogan), accusée d'avoir fomenté le coup d'Etat de l'an dernier.

"Nous savons qui est derrière le Feto, le PKK et tous les autres", a-t-il déclaré. "Nous ne pouvons pas vaincre la reine, le roi, les cheikhs sans vaincre les pions, les chevaliers et les forteresses. Nous arracherons les têtes de ces traîtres."

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)