Macron annonce que les Armées seront privilégiées en 2018

reuters.com  |   |  672  mots

par Marc Leras

ISTRES, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Emmanuel Macron s'est efforcé jeudi de rassurer des militaires déstabilisés par la démission de leur chef d'état-major mécontent des économies décrétées par le gouvernement pour 2017 en leur promettant que le ministère des Armées serait le seul à bénéficier d'une augmentation des crédits en 2018.

Le président français s'est rendu sur la base militaire aérienne d'Istres (Bouches-du-Rhône) au lendemain de la démission de Pierre de Villiers, immédiatement remplacé par François Lecointre, présent à ses côtés jeudi.

Certes, a-t-il dit, le budget 2017 sera amputé de 850 millions d'euros pour permettre à la France de respecter son engagement de ramener son déficit à 3% du PIB.

"Ces décisions de gestion sur une année en cours d'exercice n'auront aucun impact ni sur la stratégie ni sur les capacités, ni sur les forces", a-t-il dit sur la base. "Et je n'accepterai aucun discours de défaite en la matière."

Le ministère de la Défense espère limiter l'impact de ces économies, a-t-on appris de source gouvernementale. Une réduction des versements aux organismes internationaux et la renégociation de certains contrats avec des industriels de l'armement sont citées parmi les possibilités.

Emmanuel Macron a réaffirmé que l'armée bénéficierait en 2018 d'une enveloppe augmentée d'1,8 milliard d'euros, la plus importante hausse de ces 15 dernière années, pour que le budget atteigne 34,2 milliards d'euros, avec en ligne de mire les 2% du PIB en 2025, soit 50 milliards d'euros.

"Cette augmentation du budget, dans une année où aucun budget autre que celui des Armées ne sera augmenté, est inédite et je veux que vous en mesuriez l'importance", a-t-il dit.

Le président français entend mener à bien la réflexion sur les missions que devra mener l'armée avec ses moyens.

"Le premier élément c'est d'avoir une stratégie diplomatique, militaire, capacitaire qui sera conduite dans les prochaines semaines sous l'autorité de la ministre des Armées qui me rendra à l'automne les conclusions de la révision indispensable que nous devons mener", a-t-il expliqué.

LA DISSUASION NUCLÉAIRE SANCTUARISÉE

Emmanuel Macron a aussi annoncé que l'opération Sentinelle, grâce à laquelle environ 7.000 militaires patrouillent dans les rues pour assurer la sécurité, serait révisée sur la base d'un rapport du chef d'état-major (CEMA).

Le maintien de cette opération coûteuse dans un contexte budgétaire restreint et de sur-utilisation des forces armées est contesté, d'autant plus que les militaires estiment constituer des cibles pour les attaques djihadistes.

Mais le président français a d'ores et déjà écarté l'idée selon laquelle des économies pourraient être faites en éliminant une des composantes de la dissuasion nucléaire, par exemple en ne gardant que la composante sous-marine.

"La dissuasion nucléaire est au coeur de notre défense", a-t-il dit sur une base qui est au centre de la dissuasion nucléraire française aéroportée. "C'est pourquoi j'ai souhaité très rapidement rendre visite à celles et ceux qui assurent la permanence de notre posture au sein de nos deux composantes, sous-marine et aéroportée, lesquelles sont toutes deux indispensables et complémentaires."

L'Elysée, qui évoque "une meilleure sincérité du budget de la défense", a démenti que cette visite aux militaires ait un lien avec la démission du général de Villiers.

"Une visite sur une base de la dissuasion nucléaire ne s'improvise pas en trois jours, elle était prévue de longue date", a indiqué l'entourage d'Emmanuel Macron.

Le président s'est fait présenter du matériel aérien avant de visiter la BA 125 et de déjeuner avec les personnels militaires d'alerte de la dissuasion nucléaire. Il a ensuite embarqué dans un avion C135 pour assister à une démonstration de ravitaillement en vol.

(Avec Cyril Camu, édité par Yves Clarisse)