Macron réunit les deux rivaux libyens mardi près de Paris

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Les deux rivaux libyens se rencontreront mardi en france[reuters.com]
(Crédits : Hani Amara)

PARIS (Reuters) - Les chefs des deux camps rivaux libyens se retrouvent mardi près de Paris à l'invitation d'Emmanuel Macron, qui a fait du retour de la stabilité dans ce pays plongé dans le chaos une de ses priorités diplomatiques.

La France "entend, par cette initiative, faciliter une entente politique" entre le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'Onu, Fayez Seraj, et son opposant, le chef militaire Khalifa Haftar, qui tient l'est du pays, indique l'Elysée dans un communiqué publié lundi.

A terme, la France souhaite la construction d'"un Etat capable de répondre aux besoins fondamentaux des Libyens et doté d'une armée régulière unifiée sous l'autorité du pouvoir civil".

Cette rencontre, la première entre les deux hommes depuis celle d'Abou Dhabi le 2 mai, se tiendra au château de la Celle-Saint-Cloud (Yvelines), haut lieu des rencontres diplomatiques, un an et demi après l'accord politique de Skhirat, au Maroc, qui n'est pas parvenu à sortir le pays de l'impasse.

Le chef de l'Etat s'entretiendra à 15h avec le Premier ministre libyen, puis avec Khalifa Haftar, avant une réunion conjointe en présence du représentant spécial de l'Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, vers 16h00.

"Nous souhaitons que demain une déclaration conjointe soit agréée entre les deux protagonistes", souligne-t-on à l'Elysée. "Ça serait la première fois que les deux acceptent sur un document simple mais constructif de se mettre d'accord sur cette période de transition politique".

"La déclaration conjointe est toujours en cours de discussion, ce n'est pas simple, les échanges ont duré toute la nuit et se poursuivent ce matin", reconnaît-on, "mais on a l'impression qu'il y a quand même derrière les difficultés - qui on l'espère seront surmontées - un état d'esprit constructif".

MARGE DE MANOEUVRE RÉDUITE

Paris espère notamment voir inscrire dans la déclaration le rejet de toute solution militaire à la crise libyenne, ce qui pourrait passer par une mention "de la cessation des hostilités au moins pour tout ce qui ne relève pas de la lutte contre le terrorisme".

Les chances de parvenir à une avancée concrète sur le terrain à l'issue de cette réunion, qui sera suivie d'une déclaration à la presse d'Emmanuel Macron, sont toutefois minces tant les positions des deux hommes forts du pays restent pour l'heure, du moins en apparence, inconciliables.

Le GNA, qui s'est installé à Tripoli et est soutenu par l'Onu, reste toujours contesté par le parlement de Tobrouk, à l'Est, et peine à unifier les différentes forces politiques derrière lui.

"Nous savons tous que les lignes politiques ne sont pas totalement convergentes", indique-t-on à Paris, "mais s'il y a cette volonté des deux parties de renforcer un dialogue politique, ça veut dire qu'il y au moins l'intention de mettre sur la table un certain nombre de questions".

"L'idée ce n'est pas, demain, de trouver une solution à la crise libyenne, ça ne va pas évacuer demain les différences des points de vue, qu'il peut y avoir, entre les deux hommes".

PAS DE CAVALIER SEUL FRANÇAIS

La France, qui alerte depuis près de trois ans sur la situation en Libye où le vide sécuritaire et politique qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi a profité aux djihadistes, a reconnu l'an dernier la présence de ses forces spéciales dans le pays après la mort de trois de ses agents.

Le 13 juillet dernier, Emmanuel Macron, qui a fait selon son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian de la Libye "sa priorité", avait annoncé le lancement dans les prochaines semaines d'initiatives diplomatiques "concrètes" visant à rétablir la stabilité dans le pays.

Pas question pour autant pour la France de faire cavalier seul, assure-t-on à l'Elysée, où l'on insiste sur le fait que l'initiative de mardi "s'inscrit dans une dynamique collective".

"Nous avons tenu à informer les pays qui sont soit frontaliers soit engagés en Libye depuis des années, c'est le cas de l'Algérie, c'est le cas du Maroc", souligne-t-on, et de l'Italie avec qui Paris indique avoir eu des "consultations très étroites" ces derniers jours.

"On a senti que tout le monde comprenait que le timing était bon et que tout le monde soutenait l'idée de cette rencontre", ajoute-t-on. "Le principe c'est d'associer tout le monde à travers les Nations unies et d'être une étape vers d'autres initiatives qui seront prises dans les semaines et mois qui viennent".

Les questions de gouvernance - Fayez Seraj a notamment proposé la tenue d'élections parlementaires et présidentielle en mars 2018 - ne devraient ainsi pas être abordées mardi en tant que telles et devraient être renvoyées à plus tard.

(Yann Le Guernigou et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)