Kushner entendu deux heures trente par une commission du Sénat

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Le gendre de trump entendu au senat[reuters.com]
(Crédits : Jim Bourg)

par Jeff Mason et Patricia Zengerle

WASHINGTON (Reuters) - Jared Kushner, le gendre et conseiller spécial de Donald Trump, a été entendu lundi pendant deux heures trente par la commission du Renseignement du Sénat américain. Il avait au préalable, dans une déclaration écrite, démenti toute collusion avec Moscou durant la campagne électorale de 2016.

Dans sa déclaration écrite rendue publique avant l'audition à huis clos devant la commission, il a détaillé quatre rencontre qu'il a eues l'an dernier avec des responsables russes, faisant là le compte rendu le plus complet à ce jour sur ses contacts avec des Russes, que ce soit pendant la campagne ou pendant la période de transition après le 8 novembre.

Mardi, ce sera au tour des membres de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants de l'interroger.

Les élus voulaient notamment l'entendre sur une rencontre avec l'avocate russe Natalia Vesselnitskaïa qui s'est tenue à la Trump Tower de New York le 9 juin 2016, cinq mois avant l'élection présidentielle remportée par Trump face à la démocrate Hillary Clinton.

Dans la déclaration écrite, Kushner affirme qu'il n'a pas agi en connivence avec la Russie ni cherché à établir des canaux de communication discrets avec Moscou l'an dernier.

"Il n'y a pas eu collusion de ma part, et je ne connais personne dans cette équipe de campagne ayant agi en collusion avec un gouvernement étranger", indique-t-il dans cette déclaration écrite. "Je n'ai pas eu de contacts inappropriés, je n'ai pas compté sur des fonds russes pour financer mes activités dans le secteur privé", ajoute-t-il encore.

Il observe qu'il a eu "peut-être quatre contacts avec des représentants russes" durant la campagne électorale puis la période de transition qui a suivi la victoire de son beau-père.

Donald Trump Jr, un des fils du milliardaire, et Paul Manafort, ex-directeur de son équipe de campagne, participaient également à la réunion avec l'avocate russe Natalia Vesselnitskaïa en juin. Ils sont tous deux en négociation avec la commission des Affaires judiciaires du Sénat sur une possible audition en public.

S'exprimant à la Maison blanche après sa rencontre avec les membres de la commission du Sénat, Jared Kushner a assuré que tous ses actes avaient été corrects et s'étaient inscrits sur la toile de fond d'une campagne électorale "absolument unique".

RENCONTRE AVEC UN BANQUIER RUSSE

La première de ses quatre rencontres avec des Russes a concerné l'ambassadeur de Russie à Washington, Sergueï Kisliak, en avril 2016. Kushner dit ne pas avoir souvenir de conversations téléphoniques avec Sergueï Kisliak entre avril et novembre 2016, comme Reuters en a fait état en mai dernier.

Il note n'avoir trouvé aucune trace de ces discussions dans ses données téléphoniques et dit "douter fortement" qu'elles aient eu lieu.

Kushner dit avoir revu Kisliak le 1er décembre.

Kushner dit aussi avoir rencontré après l'élection, à savoir le 13 décembre, Sergueï Gorkov, patron de l'établissement bancaire public russe Vnecheconombank, parce que Kisliak insistait et parce que ce Russe avait une "relation directe" avec le président Vladimir Poutine. "Aucun dossier politique particulier" n'a été alors évoqué, a assuré Jared Kushner.

Il dit ne pas avoir eu de contact avec Gorkov auparavant et ne pas en avoir eu d'autres par la suite.

Concernant la rencontre en juin avec l'avocate Vesselnitskaïa, le fils aîné de Donald Trump en a déjà reconnu l'existence au début du mois.

Trump Jr a reconnu avoir vu cette avocate qui, a-t-il expliqué, disait avoir des informations compromettantes sur d'éventuels liens entre l'équipe de campagne d'Hillary Clinton et des "gens liés à la Russie". Trump Jr a ajouté que Vesselnitskaïa "n'avait pas d'information à donner" et qu'elle souhaitait parler d'autres sujets.

Dans sa déclaration écrite, Kushner indique qu'il y a participé à la demande de son beau-frère et qualifie cette rencontre de perte de temps. "J'ai même envoyé un mail à un assistant depuis le lieu de cette réunion une dizaine de minutes après mon arrivée et lui ai écrit: 'Peux-tu STP m'appeler sur mon portable ? Besoin d'un prétexte pour quitter cette réunion.'"

Les premiers mois du mandat de Donald Trump à la Maison blanche sont obscurcis par les soupçons de collusion entre des membres de son équipe de campagne et la Russie, que les agences américaines du renseignement accusent d'ingérence dans l'élection présidentielle de l'an dernier.

Moscou dément cette accusation; Trump, qui affirme qu'il n'y a eu aucune collusion avec la Russie, voit dans les enquêtes en cours au Congrès et au département de la Justice une "chasse aux sorcières" répondant à des motifs politiques.

(Andy Sullivan et Jeff Mason; Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)