Différend turco-allemand : Schäuble insiste, la Turquie recule

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Differend turco-allemand: schauble insiste, la turquie recule[reuters.com]
(Crédits : Fabrizio Bensch)

BERLIN (Reuters) - Le président turc Recep Tayyip Erdogan met en danger les relations entre son pays et l'Allemagne, a déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble dans un contexte de tension accrue entre les deux pays tandis qu'Ankara faisait marche arrière concernant une liste d'entreprises allemandes soupçonnées de soutenir le terrorisme.

Dernier incident à signaler dans la chronique de la détérioration continue des relations entre les deux pays, la Turquie a fourni à Berlin une liste comprenant plus de 680 entreprises allemandes qu'elle soupçonne de soutien au terrorisme, a-t-on appris vendredi.

Début juillet, six militants des droits de l'Homme, dont un Allemand, ont été arrêtés en Turquie dans le cadre de la répression en cours dans le pays depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016.

Par ailleurs, à la suite d'un différend sur l'accès à la base aérienne turque d'Incirlik, utilisée pour lancer des frappes contre le groupe Etat islamique, l'Allemagne a commencé le 9 juillet à retirer ses forces aériennes de cette base.

En mars dernier, les autorités allemandes ont interdit à des ministres du gouvernement turc de s'exprimer lors de rassemblement d'expatriés turcs en Allemagne organisés pour soutenir le référendum constitutionnel du 16 avril accroissant les pouvoirs du président. Erdogan avait répondu en accusant Berlin d'actions "fascistes".

Dans un entretien paru lundi dans le quotidien Bild, le ministre allemand des Finances reproche au président turc de jouer avec le feu.

"Il est en train de compromettre un partenariat vieux de plusieurs siècles", déclare Wolfgang Schäuble. "C'est dramatique parce que, de fait, beaucoup de choses nous lient. Mais nous ne pouvons pas permettre qu'on nous fasse chanter."

Vendredi, le ministre avait comparé la Turquie à l'ex-Allemagne de l'Est communiste.

Le secrétaire général de la chancellerie allemande, Peter Altmaier, a déclaré au Bild am Sonntag que le comportement de la Turquie était "inacceptable" et que l'Allemagne avait le devoir de protéger ses ressortissants et ses entreprises.

Dans un geste d'apaisement, le ministre turc de l'Intérieur a déclaré lundi dans un entretien téléphonique avec son homologue allemand que la présentation par Ankara à Interpol d'une liste de près de 700 entreprises soupçonnées de soutenir le terrorisme avait été retirée et que le problème venait d'"un problème de communication", a annoncé le porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur, Tobias Plate.

"Le ministre a souligné qu'il n'y avait pas d'enquête contre les sociétés allemandes de la part des autorités turques en Turquie ou en Allemagne", a-t-il ajouté.

L'Allemagne a mis en garde ses ressortissants voyageant en Turquie qu'ils le faisaient à leurs risques et péril.

(Paul Carrel et Andrea Shalal; Danielle Rouquié pour le service français)