Le succès de Gucci fait bondir les résultats de Kering

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Le succes de gucci fait grimper les resultats de kering[reuters.com]
(Crédits : Max Rossi)

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Kering a vu ses résultats semestriels grimper au premier semestre et a fait mieux qu'attendu, dopé par l'explosion historique des ventes de Gucci, son principal centre de profit.

Avec une croissance organique de 28,3% pour l'ensemble de ses marques de luxe, Kering signe de loin la meilleure performance semestrielle du secteur, devant LVMH (+12%) et Hermès (+9,7%).

Le résultat opérationnel du groupe a bondi de 57% à 1,27 milliard d'euros, signant une hausse record et supérieure au consensus de 1,23 milliard établi par Inquiry Financial pour Reuters. La marge a atteint 17,5%, contre 14,2% un an plus tôt.

Comme ses concurrents, Kering a averti qu'avec des bases de comparaison plus difficiles au second semestre, la croissance pourrait ralentir en deuxième partie d'année.

Son directeur financier Jean-Marc Duplaix a aussi évoqué, lors d'une conférence téléphonique, les incertitudes politiques mondiales et la hausse de l'euro susceptible d'avoir un impact sur les flux touristiques, les marges et les prix.

Si Kering profite comme ses concurrents d'un environnement plus porteur pour le luxe, grâce à la reprise du tourisme en Europe et au rebond de la demande en Chine, les performances de Gucci sortent clairement du lot.

Après une croissance exceptionnelle de 48% au premier trimestre, le succès de la marque florentine ne se dément pas. Considérée comme une des plus désirables du moment, elle grimpe encore de 39% au deuxième trimestre à changes constants, un chiffre supérieur aux 32% attendus par les analystes.

Cette performance est d'autant plus remarquable que la marque a cessé toutes soldes et promotions depuis la fin 2016.

MARGE RECORD POUR GUCCI

Son résultat opérationnel a bondi quant à lui de 60% pour une marge record de 32%, qui pourrait rester à ce niveau au second semestre, a précisé le directeur financier.

Alors que les investisseurs s'interrogent sur la pérennité de cette croissance, il a reconnu qu'une certaine normalisation était à attendre, tout en réitérant sa confiance dans la capacité de Gucci à faire sur le moyen terme deux fois mieux que le marché.

"Gucci dispose encore d'un énorme potentiel", a-t-il dit, évoquant les nouvelles catégories de produits en cours de lancement comme les lunettes, l'horlogerie, les toutes nouvelles lignes de décoration ou le nouveau parfum prévu au deuxième semestre.

La marque, qui a considérablement rajeuni sa clientèle - les "millenials" comptent pour plus de 50% de ses ventes - vient aussi, comme Louis Vuitton, d'ouvrir son site de e-commerce en Chine.

Egalement très surveillée, Saint Laurent, devenue la deuxième marque du groupe et qui s'est fixé pour objectif de doubler ses ventes à moyen terme, poursuit sa brillante trajectoire (+23,7%), surtout portée par la maroquinerie.

REBOND BOURSIER

En pleine refonte d'une offre qui a souffert d'un manque de diversité, Bottega Veneta a renoué avec une - timide - croissance (+2%), mais devrait véritablement repartir de l'avant à partir du premier trimestre 2018, a précisé Jean-Marc Duplaix.

Ailleurs, l'accélération a été "spectaculaire" chez Balenciaga, grâce au succès des sacs et souliers signés Demna Gvasalia, et la marque pourrait viser la barre du milliard d'euros de ventes à moyen terme.

Les marques de joaillerie Boucheron et Pomellato, qui font l'objet d'importants investissements, ont vu leurs ventes dépasser les 10%.

En Bourse, le titre Kering, qui a clôturé à 305,10 euros à Paris jeudi, s'adjuge 43% depuis début janvier, signant de loin la meilleure performance du secteur, qui gagne environ 20%.

"A ses niveaux actuels, le titre reflète déjà une croissance agressive dans les trois ans qui viennent, tout comme la cession de Puma et une stricte discipline en matière d'acquisition", commente Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas.

Concernant une éventuelle cession de l'équipementier sportif, attendue par les analystes avec son redressement,, le directeur général délégué, Jean-François Palus, a réaffirmé que Kering s'attachait à "l'amélioration de sa rentabilité et son cash-flow".

(Edité par Dominique Rodriguez)