Kaczynski promet une réforme "radicale" de la justice en Pologne

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(Crédits : Agencja Gazeta)

VARSOVIE (Reuters) - Le parti PiS (Droit et Justice), au pouvoir en Pologne, n'a pas renoncé à réformer "radicalement" la justice en dépit du veto présidentiel à deux projets de loi sur la question, a déclaré jeudi son chef de file.

Jaroslaw Kaczynski, qui n'occupe aucun poste gouvernemental en Pologne mais est considéré comme le dirigeant de facto du pays, a également promis de réduire la concentration dans les médias privés.

Commentant pour la première fois la décision du président Andrzej Duda, pourtant issu des rangs du PiS, d'opposer son veto à deux projets de loi sur la Cour suprême et le Conseil de la magistrature, Jaroslaw Kaczynski a estimé que le chef de l'Etat avait commis une "très grave erreur".

Le chef du PiS a ajouté que l'essentiel était de savoir comment procéder désormais. "Il y aura une réforme, une réforme radicale", a-t-il dit. "Une réforme partielle ne changerait rien", a-t-il ajouté sur l'antenne de la chaîne TV Trwam, sans entrer dans le détail de ses intentions.

Andrzej Duda a promis de présenter dans les deux mois les propres versions des deux projets de loi qu'il a censurés, après une semaine de vastes manifestations de l'opposition.

L'un permettait au gouvernement d'exercer un contrôle sur la Cour suprême, l'autre au Parlement de nommer des membres du Conseil national de la magistrature.

"Le président a clairement voulu prendre l'initiative et nous ne l'en empêcherons pas, en aucune manière", a dit Jaroslaw Kaczynski.

PRESSIONS PSYCHOLOGIQUES

La Commission européenne a engagé mercredi une procédure d'infraction contre la Pologne pour non-respect du droit de l'Union, en réaction à une autre loi sur les tribunaux de droit commun promulguée la veille par Andrzej Duda.

Bruxelles a indiqué qu'une lettre de mise en demeure serait envoyée à Varsovie dès que cette loi, qui permet au ministre de la Justice de nommer et révoquer les présidents des tribunaux ordinaires, aura été publiée au Journal officiel.

L'exécutif européen a également donné un mois à Varsovie pour répondre à ses inquiétudes concernant l'état de droit en Pologne.

Ces inquiétudes, déjà formulées dans le cadre d'une procédure de sauvegarde de l'état de droit engagée en janvier 2016 en raison d'une réforme du Tribunal constitutionnel, sont aggravées par les projets de réforme de la justice, juge Bruxelles, qui menace de déclencher la procédure de l'article 7.

L'article 7 du traité de l'UE peut aboutir à une suspension du droit de vote au Conseil européen d'un Etat membre en cas de non-respect des valeurs communes de l'Union.

Une perspective que Kaczynski ne semble pas redouter.

"Dans la seconde phase de la procédure, l'unanimité est requise. Et je suis convaincu qu'elle ne se réalisera pas", a déclaré le chef du PiS. "Ce sont des tentatives pour exercer des pressions psychologiques."

Le parti ultraconservateur, qui est également accusé d'avoir verrouillé les médias publics à son profit depuis son arrivée au pouvoir en 2015, a également l'intention de "réduire la concentration dans les médias privés", a dit Jaroslaw Kaczynski.

"Là encore, il y aura de très fortes résistances", a prédit le dirigeant conservateur.

Des groupes étrangers comme l'allemand Axel Springer, le suisse Ringier et l'américain Scripps Network Interactive, qui possède le plus grand réseau télévisé privé du pays (TVN), sont très implantés en Pologne.

Il existe également des chaînes à capitaux polonais comme Polsat, détenue par l'un des hommes les plus riches du pays, Zygmunt Solorz-Zak.

(Marcin Goettig, Pawel Sobcazk; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)