Mélenchon accuse l'exécutif d'organiser le "bazar" à l'Assemblée

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Melenchon accuse l'executif d'organiser le bazar a l'assemblee[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon a accusé vendredi l'exécutif d'organiser le "bazar" à l'Assemblée après les différents "couacs" qui ont ponctué cette semaine les débats en séance, afin selon lui de faire adopter "en force" ses réformes, notamment sur le Code du travail et la moralisation de la vie publique.

"Je suis navré par cette ambiance", a déclaré vendredi lors le président du groupe La France insoumise après un nouveau cafouillage dans la nuit de jeudi à vendredi qui a provoqué le départ de ses troupes après que le président de séance a refusé de recompter les voix après un vote à main levée.

"Ce n'est pas de l'amateurisme. C'est un système pyramidal où le pouvoir essaie de faire passer les choses en force", a-t-il estimé. "On essaie de nous faire baisser la tête", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

"Ce débat a augmenté la confusion. La confiance est plus détruite qu'avant", a dit l'ancien candidat à la présidentielle à propos de l'incident sur la moralisation de la vie publique.

Le "patron" du groupe LFI a dressé la liste des "contradictions", a-t-il dit, de l'exécutif. "On a l'impression déjà d'avoir un pouvoir usé", a-t-il ajouté.

L'opposition reproche à la majorité LREM son amateurisme, de nombreux députés étant novices.

La députée Nouvelle gauche (ex-PS) Delphine Batho a parlé vendredi sur franceinfo de "dysfonctionnements inacceptables" à l'Assemblée, accusant la majorité "de n'être pas dirigée".

"BIZUTAGE"

Comme plusieurs de ses collègues Les Républicains, communistes ou "insoumis", elle s'est étonnée de "l'absence des chefs" de la majorité présidentielle en séance.

Le président du groupe LREM, Richard Ferrand, le président de l'Assemblée, François de Rugy (LREM), ou le ministre des relations avec le Parlement, Christophe Castaner, semblent en effet bouder l'hémicycle.

Ce dernier est venu vendredi matin assister à l'ouverture de la séance où la ministre de la Justice Nicole Belloubet défend seule les projets de loi sur la moralisation de la vie publique.

Il a quitté l'Assemblée dans la matinée pour se rendre au conseil des ministres, se déclarant "confiant" dans la suite des débats. "Tout va bien", a-t-il dit aux journalistes avant de quitter le Palais-Bourbon.

Interrogé sur ce point lors du compte rendu du conseil des ministres, Christophe Castaner a relativisé.

"Bien sûr il y a des incidents de séance, ce qui n'est pas très nouveau", a-t-il souligné.

"On peut commenter (...) mais je vous invite à regarder le bon déroulement global des travaux au Parlement, que ce soit le Sénat ou l'Assemblée nationale, et à ne vous focaliser que sur l'essentiel, c'est-à-dire que les textes qui sont votés sont conformes" aux orientations définies par le chef de l'Etat.

Le président de l'Assemblée a lui aussi minimisé l'importance des différents "couacs" et a accusé les groupes d'opposition de pratiquer la surenchère.

"Il y a une certaine surenchère entre les groupes d'opposition pour se faire entendre davantage", a-t-il déclaré du franceinfo.

François de Rugy a rappelé que de tout temps il y a eu à l'Assemblée des incidents de séances "provoqués volontairement par des députés de l'opposition".

"Malheureusement, cela fait partie d'une certaine tradition parlementaire que certains députés, notamment des anciens, veulent entretenir", a-t-il poursuivi en réaffirmant que beaucoup de nouveaux élus étaient "en période de rodage" et certains victimes d'une forme de "bizutage".

(Emile Picy, édité par Yves Clarisse)