Pyongyang a testé un missile intercontinental, dit le Pentagone

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La coree du nord a tire un missile, annonce shinzo abe[reuters.com]
(Crédits : Toru Hanai)

par Jack Kim et Elaine Lies

SEOUL/TOKYO (Reuters) - La Corée du Nord a procédé vendredi à un nouveau tir expérimental de missile, qui, au vu des données recueillies par les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, semble bien être un engin balistique intercontinental (ICBM), plus puissant encore que celui testé le 4 juillet.

Le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, a réuni d'urgence dans la nuit son conseil national de sécurité et a réclamé la tenue d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour envisager un renforcement des sanctions contre Pyongyang.

Il a demandé que des discussions soient menées avec les Américains pour déployer des systèmes antimissiles THAAD supplémentaires, a annoncé la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

De hauts gradés des armées sud-coréenne et américaine ont discuté d'options militaires, après le nouvel essai de misisle. Ont pris part à la conversation téléphonique le général Joseph Dunford, de l'US Navy, ainsi que l'amiral Harry Harris, commandant des forces américaines du Pacifique, et le général Lee Sun-jin, président de l'état-major interarmes sud-coréen.

Le missile a décollé de la province de Jangang, dans le nord du pays, vendredi à 23h41 locales (14h41 GMT), a déclaré un responsable de l'état-major interarmes sud-coréen.

Le Pentagone a précisé que l'engin avait décollé du site d'une usine d'armements à Mupyong-Ni et s'était abîmé en mer du Japon après avoir parcouru autour de 1.000 km.

Selon Jeff Davis, porte-parole du Pentagone, l'engin est tombé dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, à 167 km des côtes de l'île de Hokkaido, dans l'extrême nord de l'archipel. Pour le Pentagone, selon qui ce tir expérimental était attendu, c'est bien un missile intercontinental qui a été lancé.

L'engin a volé pendant 45 minutes environ, a déclaré à Tokyo le secrétaire général du gouvernement nippon, Yoshihide Suga. Il a atteint une altitude supérieure à 3.000 km, a dit un responsable militaire cité par la télévision publique japonaise, la NHK.

MENACE "GRAVE" POUR LE JAPON, DIT ABE

L'armée sud-coréenne, que cite l'agence de presse Yonhap, a même parlé d'une altitude de 3.700 km et indiqué que l'engin avait parcouru plus de 1.000 km.

Les données recueillies laissent penser que le missile était plus puissant que celui tiré le 4 juillet, lequel, selon les autorités américaines et sud-coréennes, était aussi un missile balistique intercontinental.

Le 4 juillet, jour de fête nationale aux Etats-Unis, l'engin tiré avait parcouru 933 km et atteint une altitude maximale de 2.802 km, volant pendant 39 minutes.

Il est inhabituel que les Nord-Coréens procèdent à un essai de missile à pareille heure. Pour Jeffrey Lewis, du Middlebury Institute of International Studies, un lancement de nuit, qui n'est pas sans précédent, avait pour dessein de montrer la capacité de Pyongyang à dissimuler un lancement.

"Un lancement, à partir d'un lieu inattendu et de nuit, montre que nous ne pouvons pas localiser le missile avant qu'ils ne le tirent. A mon avis, les Nord-Coréens ont voulu nous montrer qu'ils ne cherchaient pas à cacher le lancement, mais qu'ils peuvent le faire s'ils le veulent", a-t-il déclaré.

A Tokyo, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a annoncé la tenue d'une réunion d'urgence. Il a déclaré que la communauté internationale devait accroître la pression sur Pyongyang pour que cessent de tels essais balistiques.

Evoquant une "menace grave et réelle" pour le Japon, il a estimé que "Tant que la Corée du Nord continuera de tels actes de provocation, la communauté internationale - à commencer par les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Chine et la Russie - devra rester en contact étroit et renforcer les pressions" (sur Pyongyang).

La France, a déclaré le Quai d'Orsay dans un communiqué, condamne fermement le nouveau tir de missile intercontinental de la Corée du Nord et parle d'une "nouvelle violation grave des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies [qui] menace la sécurité régionale et internationale".

L'Union européenne a parlé elle aussi de "violation pure et simple" des obligations internationales de Pyongyang et de "grave menace" pour la paix et à la sécurité dans le monde.

(Jack Kim, avec William Mallard à Tokyo, Idrees Ali à Washington, Nicolas Delame, Arthur Connan et Eric Faye pour le service français)