Vers trois mises en examen pour une tentative d'attentat à Paris

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Tentative d'attentat du xvie: trois suspects deferes au parquet de paris[reuters.com]
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

PARIS (Reuters) - Trois suspects ont été déférés vendredi au parquet de Paris en vue de leur mise en examen pour une tentative d'attentat aux bonbonnes de gaz contre un immeuble d'habitation du XVIe arrondissement de Paris, a annoncé François Molins.

Quatre bonbonnes de gaz, un dispositif de mise à feu à distance, plusieurs dizaines de litres d'essence, des sacs à gravats, notamment, avaient été découverts dans la nuit de vendredi à samedi derniers au 31 rue Chanez, près de la porte d'Auteuil.

"La puissance de la déflagration aurait pu causer des dégâts majeurs", a déclaré le procureur de la République de Paris lors d'une conférence de presse.

Six personnes avaient été placées en garde à vue dans la semaine; trois ont été remises en liberté vendredi.

Les trois autres "ont été déféré(e)s ce jour à mon parquet qui a ouvert une information judiciaire", a dit le procureur.

Les chefs retenus sont "tentative d'assassinats en bande organisée", "tentative de destruction par un moyen dangereux en bande organisée", "détention et transport d'engins explosifs en bande organisée", le tout en relation avec une entreprise terroriste, "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle".

"Ils vont être présentés dans les moments qui viennent à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen. Leur placement en détention provisoire a été requis", a dit le procureur.

L'information judiciaire s'attachera à chercher d'éventuels complices et à "déterminer les raisons pour lesquelles cette immeuble d'habitation a été pris pour cible".

Pour l'heure, les enquêteurs n'ont pas de réponse à cette question, a précisé François Molins. Les conséquences de l'attentat, qui a échoué, auraient pu être dévastatrices, a-t-il souligné.

DEUX FICHÉS S

Les trois suspects déférés ont déjà été condamnés pour des faits de droit commun. Deux d'entre eux faisaient l'objet d'une fiche de renseignement S pour radicalisation.

Aymen B., âgé de 29 ans, était fiché S depuis juillet 2016 "en raison d'un prosélytisme pro-Daech", a indiqué François Molins.

Son ADN a été "rapidement identifié sur le bouchon d'un jerricane, sur un des seaux contenant de l'essence ainsi que sur les sacs à gravats retrouvés" dans le hall de l'immeuble.

"Egalement fiché S en raison de son appartenance à la mouvance islamiste radicale", Amine A. avait été placé en garde à vue en mars 2013 dans le cadre de l'enquête sur le groupuscule islamiste Forsane Alizza.

Sami B., un Tunisien de 32 ans, père de trois enfants et cousin de Aymen B., a lui aussi été déféré.

Les trois suspects ont "contesté radicalement leur implication dans la commission des faits et ont à plusieurs reprises refusé de répondre aux questions des enquêteurs", a déclaré le procureur.

Selon les enquêteurs, les suspects ont tenté à trois reprises samedi matin de faire exploser le dispositif, à 4h14, 4h15 et 4h16.

Les autorités avaient été alertées par un habitant de l'immeuble "réveillé par un sifflement correspondant à l'ouverture d'une bouteille de gaz et une forte odeur d'hydrocarbure".

Les suspects avaient repéré les lieux dans la nuit du 24 au 25 septembre, a dit François Molins.

"Il n'y a pas d'explication logique et définitive sur le choix de la cible", a-t-il ajouté.

(Cyril Camu, édité par Sophie Louet)