Brexit : Négociation "dans une impasse" sur la question financière

reuters.com  |   |  636  mots

par Alastair Macdonald et Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) - Michel Barnier, négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit, a déclaré jeudi que les discussions avec Londres étaient "dans une impasse" sur la question de la facture du divorce dont Londres devra s'acquitter.

A Londres, la Première ministre britannique, Theresa May, a pour sa part fait état de "bons progrès" dans les discussions.

Michel Barnier, qui s'exprimait au terme de la cinquième session de négociation à Bruxelles, a souligné qu'il ne pourrait pas proposer aux chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept qui se réunissent en sommet les 19 et 20 octobre prochains de lancer la deuxième phase des discussions, portant sur le futur cadre des relations commerciales.

Il a expliqué que la partie britannique n'était toujours pas prête à dire combien elle était prête à payer en règlement de ses engagements financiers.

"Pour ce qui est de cette question, nous sommes dans une impasse, ce qui est très inquiétant pour des milliers de projets partout en Europe et aussi inquiétant pour ceux qui y contribuent", a-t-il dit, ajoutant que l'UE était prête à faire face à toutes les éventualités mais réaffirmant qu'"une absence d'accord serait un très mauvais accord".

Michel Barnier a cependant fait état d'une certaine évolution sur quelques questions, comme les droits des ressortissants européens en Grande-Bretagne et la frontière nord-irlandaise. Il n'a pas exclu la possibilité d'un accord d'ici deux mois à condition qu'il y ait une volonté politique.

"Je suis toujours convaincu qu'avec une volonté politique des progrès décisifs sont à portée de main dans les deux mois à venir. Avec David Davis, nous allons organiser plusieurs réunions de négociation d'ici la fin de l'année", a-t-il expliqué.

"VOLONTÉ POLITIQUE"

Son interlocuteur britannique David Davis, qui s'exprimait lors de la même conférence de presse à l'issue de quatre jours de discussions, a confirmé qu'il restait beaucoup de travail à faire. Il a ajouté que Londres se préparait à tous les scénarios, y compris celui d'une absence d'accord avec Bruxelles.

Le ministre britannique du Brexit a cependant fait part de sa confiance sur la possibilité de trouver prochainement un accord sur la question des droits des expatriés européens en Grande-Bretagne et sur ceux des Britanniques vivant dans un pays de l'UE.

Theresa May a quant à elle affirmé jeudi après-midi qu'un accord était proche sur ce dossier.

"Il y a eu vraiment de bons progrès dans ces discussions et Michel Barnier a lui-même reconnu que nous serions capables dans les prochaines semaines d'avancer de manière constructive", a-t-elle dit à des journalistes, évoquant notamment la question des expatriés.

Les Européens réclament des "progrès suffisants" sur les principaux contentieux du divorce (facture du Brexit, droits des ressortissants européens au Royaume-Uni et britanniques dans l'UE, frontière nord-irlandaise) avant de lancer les négociations sur une éventuelle période de transition et des futures relations commerciales entre Londres et les Européens.

Londres aimerait mener les deux phases de concert. Davis, tout comme Theresa May, a répété jeudi que les Britanniques étaient prêts à engager les discussions sur la relation future entre Londres et l'UE.

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a souligné qu'elle s'impliquerait dans les négociations sur le Brexit afin que son pays subisse le moins d'inconvénients de ce divorce. "Ces négociations sont importantes, nous les mènerons de telle sorte qu'il y ait le moins de dégâts que possible pour nous en Allemagne", a-t-elle dit lors d'un déplacement à Hanovre, dans le nord du pays.

(Avec Lily Cusack, Robert-Jan Bartunek, Kate Holton et Andreas Rinke; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)