Le DG de Samsung annonce sa démission, résultats record

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Benefice triple pour samsung au 3e trimestre[reuters.com]
(Crédits : Kim Hong-Ji)

par Joyce Lee et Hyunjoo Jin

SAOUL (Reuters) - Samsung Electronics a annoncé vendredi que son vice-président et directeur général Kwon Oh-hyun comptait démissionner, faisant craindre une vacance du pouvoir après l'arrestation en février de l'héritier de l'empire, Jay Y. Lee, pour corruption.

Cette démission surprend d'autant plus que le responsable du pôle mémoires DRAM et NAND était appelé à occuper une place plus importante au sein du groupe sud-coréen depuis la condamnation de Lee à cinq ans de prison et le départ d'autres dirigeants au terme d'une affaire de corruption qui a conduit à la destitution de l'ex-présidente Park Geun-hye.

Elle intervient en même temps que l'annonce d'un bénéfice d'exploitation qui devrait être triplé au troisième trimestre grâce au dynamisme du segment mémoires qui a gonflé les marges.

"Le timing est impensable. Samsung annonce à l'avance des résultats record, qui seront encore meilleurs au quatrième trimestre, et tout cela est tiré par le pôle semi-conducteurs de Kwon", dit Park Ju-gun, directeur du consultant CEO Score.

Kwon, 64 ans, est considéré comme le numéro deux du conglomérat Samsung, dont les activités vont de la pharmacie à l'hôtellerie en passant par les assurances ou encore l'électroménager. Non content d'être président du conseil d'administration du groupe Samsung, il dirige le pôle composants - qui comprend les mémoires - et le segment écrans.

Dans un communiqué, Kwon, surnommé "Mr Chip", dit que le moment est venu de "repartir sur de nouvelles bases, avec un nouvel esprit et une direction rajeunie."

"Par chance nous réalisons des résultats record actuellement mais c'est le fruit de décisions et d'investissements passés; nous sommes très loin aujourd'hui d'être en mesure de trouver de nouveaux moteurs de croissance en analysant les nouvelles tendances", a-t-il ajouté.

PAS DE "PLAN B"

Samsung s'apprête à battre son record de bénéfice pour l'ensemble de l'année, grâce notamment à une forte demande de mémoires. La branche semi-conducteurs a été le moteur du groupe avec un bénéfice de 8.000 milliards de wons (six milliards d'euros) sur la période avril-juin.

Et pour le troisième trimestre, le géant sud-coréen table sur un bénéfice d'exploitation total avoisinant 14.500 milliards de wons, alors que les 20 analystes interrogés par Reuters anticipent en moyenne 14.300 milliards.

Son chiffre d'affaires sur la période devrait avoir progressé de 29,7% à 62.000 milliards de wons, alors que les analystes prévoyent 62.100 milliards.

Samsung, dont la capitalisation boursière est de l'ordre de 350 milliards de dollars, a atteint un nouveau pic de 2,74 millions de wons en Bourse de Séoul après l'annonce des résultats provisoires, mais il est rapidement retombé, en réaction à la démission de Kwon, et a fini en baisse de 1,46%.

Samsung, dont le succès du Galaxy Note 8 a effacé le fiasco de son prédécesseur, retiré du marché en raison d'un problème de surchauffe de la batterie, n'a pas donné plus de détails sur les résultats du troisième trimestre qui seront publiés fin octobre.

Le secteur des semi-conducteurs est engagé dans une profonde transformation au niveau mondial - avec notamment un partenariat entre le japonais Toshiba et le concurrent local de Samsung, SK Hynix - en quête de nouveaux vecteurs de croissance tels que l'intelligence artificielle et l'automobile.

Après cinq ans passés à la direction générale, Kwon devrait aller au bout de son mandat de président du conseil d'administration, qui prend fin en mars 2018. Il ne quittera pas non plus immédiatement ses deux autres fonctions.

Une porte-parole de Samsung s'est refusée à tout commentaire sur le calendrier de sa succession et sur ses successeurs éventuels.

Le groupe Samsung n'a pas de "plan B" pour se substituer à Lee depuis son arrestation pour ce qui est des décisions stratégiques, ont fait savoir des sources proches du dossier.

"Je m'inquiète de l'absence de leadership dans une période où Lee est absent", dit Chung Sun-sup, directeur général du cabinet de recherche Chaebul.com, ajoutant cependant que cela pourrait également constituer une chance de mettre en avant une nouvelle génération.

(Joyce Lee, Nicolas Delame et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)