L'extrême gauche catalane fait pression sur Puigdemont

reuters.com  |   |  476  mots

MADRID (Reuters) - Le parti d'extrême gauche catalan CUP (Candidature d'unité populaire) a demandé vendredi au président de l'exécutif local, Carles Puigdemont, de mettre fin aux ambiguïtés sur la déclaration d'indépendance de la Catalogne et d'ignorer les menaces du gouvernement de Madrid.

"Si le gouvernement central veut continuer à nous menacer et à nous bâillonner, il doit s'adresser alors à la République qui a déjà été proclamée", affirme la CUP dans un communiqué.

Le parti d'extrême gauche ne compte que dix élus au Parlement de Catalogne mais Carles Puigdemont a besoin de son soutien pour se maintenir au pouvoir.

Le gouvernement espagnol a donné mercredi huit jours à l'exécutif catalan pour abandonner son objectif d'indépendance, faute de quoi il pourrait suspendre l'autonomie de la région et l'administrer directement.

Mardi, Carles Puigdemont a déclaré symboliquement l'indépendance tout en gelant son processus de mise en oeuvre afin de laisser la porte ouverte au dialogue avec Madrid.

Si le président de la Generalitat confirme d'ici lundi 16 octobre 08h00 GMT qu'il a proclamé l'indépendance, il aura trois jours supplémentaires, jusqu'au jeudi 19 octobre 08h00 GMT, pour revenir sur sa décision, a annoncé le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.

Dans le cas contraire, le gouvernement espagnol invoquera l'article 155 de la Constitution, qui permet à Madrid de suspendre l'autonomie d'une région, a-t-il averti.

"INDÉPENDANCE COSMÉTIQUE"

Jeudi soir, le groupe de citoyens Asamblea Nacional Catalana, favorable à l'indépendance, a dénoncé ce qu'il considère comme un refus de Madrid de dialoguer et a appelé le Parlement régional à lever la suspension de la déclaration d'indépendance.

Carles Puigdemont appartient au Parti démocrate européen catalan (PDECAT) dont le président, l'ancien chef de l'exécutif régional Artur Mas, a estimé vendredi que la déclaration d'indépendance n'était pas la seule option.

"Si un Etat se proclame indépendant et ne peut pas se comporter comme tel, c'est une indépendance purement cosmétique", a-t-il dit à la télévision catalane TV3. "Les facteurs extérieurs doivent être pris en compte dans les futures décisions", a-t-il ajouté.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré vendredi qu'il ne souhaitait pas que la Catalogne devienne un Etat indépendant parce que cela susciterait des velléités dans d'autres régions d'Europe et rendrait l'Union européenne trop difficile à gouverner.

Les autorités catalanes ont sollicité une médiation européenne dans le bras de fer qu'elles ont engagé avec le gouvernement de Rajoy. Juncker a répondu que l'UE ne pouvait mener une mission de médiation si celle-ci n'était sollicitée que par l'une de deux parties prenantes.

(Isla Binnie et Paul Day; Guy Kerivel pour le service français)