Airbus : Enders réaffirme craindre une amende importante

reuters.com  |   |  613  mots
Airbus: enders reaffirme craindre une amende importante[reuters.com]
(Crédits : Hannah Mckay)

PARIS (Reuters) - Tom Enders, président exécutif d'Airbus, réaffirme craindre une amende "importante" à l'issue des enquêtes anti-corruption visant l'avionneur français en Grande-Bretagne et en France, insistant à nouveau sur le fait que c'est le groupe lui-même qui est à l'origine de ces procédures.

Dans le cadre d'un entretien publié vendredi par le journal Le Monde, il dit également "ne pas être au courant" d'une enquête de la justice américaine.

"Je ne peux prédire l'issue de cette enquête, mais il n'est pas impossible que l'amende soit importante. Nous savons que tout cela pèse sur l'entreprise, mais nous n'avons pas d'alternative", déclare Tom Enders.

"Ce qui nous distingue d'autres grands groupes, c'est le fait que cette procédure a été initiée et conduite par l'équipe dirigeante actuelle d'Airbus, avec le soutien de son conseil d'administration."

Jeudi, ce conseil a en effet dit avoir pleinement confiance en Tom Enders pour "poursuivre la transformation de la société et, en particulier, notre programme de mise en conformité aux règles ('compliance')".

L'année dernière, Airbus a spontanément informé les autorités d'inexactitudes dans ses déclarations à l'agence britannique de financement des crédits à l'exportation concernant des paiements effectués au bénéfice d'agents commerciaux.

La Serious Fraud Office (SFO), chargé de la lutte contre les délits et crimes économiques en Grande-Bretagne, a de ce fait ouvert une enquête au cours de l'été 2016, rejointe en mars dernier par le parquet national financier (PNF) français.

COOPÉRER AVEC LES AUTORITÉS EST "LA SEULE VOIE POSSIBLE"

La semaine dernière, dans une lettre adressée au personnel, Tom Enders a dit que l'avionneur allait au-devant d'une "période turbulente et déroutante" en raison des enquêtes anti-corruption menées en France et au Royaume-Uni, évoquant déjà l'éventualité de "pénalités importantes".

En janvier, le motoriste Rolls-Royce a accepté de verser une amende totale de 671 millions de livres (755 millions d'euros) aux autorités britanniques, américaines et brésiliennes pour solder une affaire similaire de corruption impliquant des intermédiaires.

Des personnes proches de l'enquête pensent que l'amende dont pourrait écoper Airbus sera significativement supérieure à celle infligée à Rolls-Royce.

L'avionneur s'est lui-même engagé dans une enquête en interne de grande ampleur, gênant ses démarches commerciales et créant des tensions en interne et avec certaines parties tierces dont les paiements ont été gelés. Airbus espère par là, à l'instar de Rolls Royce, arriver à un accord avec les autorités.

S'exprimant également dans Le Monde, Denis Ranque, le président du conseil d'administration d'Airbus note en effet que si Airbus était reconnu coupable de corruption, la "sanction, inévitable, c'est la privation de marchés publics.

"Les conséquences d'un tel scénario seraient très lourdes. La coopération pleine et entière est la seule voie possible', ajoute-t-il.

Airbus fait également l'objet d'une enquête concernant des soupçons d'escroquerie liés à un contrat passé en 2003 avec l'Autriche pour l'achat d'avions de combat Eurofighter, un dossier dans lequel Tom Enders est l'une des personnes mises en cause.

"Ce dossier, vieux de quinze ans, est un peu comme le monstre du Loch Ness, qui revient tous les étés. Jusqu'à présent, ces enquêtes, qui durent depuis une dizaine d'années, n'ont abouti à rien qui puisse prouver l'existence de quelconques formes de corruption. Ce fut aussi la conclusion du rapport de la dernière commission d'enquête parlementaire autrichienne, publié en septembre", dit à ce sujet le président exécutif d'Airbus.

(Benoit Van Overstraeten, édité par Mathieu Protard)