L'opposant russe Navalny gagne de nouveau à Strasbourg

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Navalny gagne de nouveau a strasbourg[reuters.com]
(Crédits : Maxim Shemetov)

STRASBOURG (Reuters) - Alexeï Navalny, opposant au président russe Vladimir Poutine et figure de la lutte contre la corruption, a fait condamner une nouvelle fois la Russie par la Cour européenne des droits de l'homme, pour violation de son droit à un procès équitable.

Les faits concernent la condamnation du blogueur militant et de son frère, Oleg, respectivement à trois ans et demi de prison avec sursis et trois ans et demi ferme, en décembre 2014, pour blanchiment d'argent et escroquerie au détriment des sociétés MPK et Yves Rocher Vostok, filiale russe de l'entreprise française de produits de beauté.

"Pour statuer sur les accusations pénales portées contre les requérants, les juridictions russes ont donné au détriment de ceux-ci une interprétation extensive et non prévisible de l'infraction de fraude commerciale visée à l'article 159.4 du code pénal russe tel qu'en vigueur à l'époque des faits", affirme la juridiction du Conseil de l'Europe.

La condamnation des frères Navalny portait sur les services logistiques offerts à MPK et Yves Rocher Vostok par une SARL russe, filiale d'une société immatriculée à Chypre leur appartenant.

La Cour de Strasbourg relève que les juridictions russes n'étayaient pas les accusations de malversations reprochées aux deux frères associés ou les fondaient sur des pratiques légales à l'époque. Yves Rocher avait par ailleurs affirmé aux enquêteurs n'avoir subi aucun préjudice.

La Russie doit verser 10.000 euros à chacun des deux requérants au titre de leur préjudice moral.

L'arrêt, qui a été rendu à l'unanimité des juges, est susceptible d'appel.

Alexeï Navalny a déjà fait condamner la Russie à Strasbourg, en février 2016, pour le caractère inéquitable d'une condamnation qu'il avait subie trois ans auparavant pour détournement de fonds dans une affaire de vente de bois d'un domaine public quand il était conseiller du gouverneur de la région de Kirov.

La Cour suprême ayant en conséquence annulé le jugement, l'opposant a été de nouveau condamné dans cette affaire à cinq ans de prison avec sursis, le 8 février dernier, ce qui le rend de facto inéligible à l'élection présidentielle de 2018 pour laquelle il souhaitait se porter candidat.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)