Le Medef hérissé par un bonus-malus contre les contrats courts

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Le medef herisse par un bonus-malus contre les contrats courts[reuters.com]
(Crédits : Pool)

PARIS (Reuters) - Le président du Medef, Pierre Gattaz, a qualifié mardi d'"absurdité" et d'"idée insensée" la possibilité de moduler les cotisations des entreprises à l'assurance chômage en fonction de leurs pratiques d'embauche.

Le gouvernement verrait dans ce système de bonus-malus, dont le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a confirmé lundi le "principe", un moyen d'augmenter la contribution des entreprises qui recourent de façon excessive aux contrats précaires.

"Tout système qui vise à taxer les contrats courts, qui stigmatise certains types de contrats ou d'entreprises est une absurdité et serait totalement contre-productif", a jugé Pierre Gattaz lors d'une conférence de presse.

"Ce bonus-malus est une idée insensée", a-t-il ajouté.

Selon le président du Medef, une surtaxation des contrats de courte durée n'aurait aucune incidence sur les recrutements en contrats à durée indéterminée (CDI) et entraînerait plutôt un basculement vers l'économie informelle.

Il a également invoqué les conséquences néfastes qu'aurait une telle mesure pour une dizaine de branches, comme l'hôtellerie-restauration, qui ont fréquemment recours à des contrats de courte durée.

Aujourd'hui, le régime de l'assurance chômage est financé par des cotisations de 2,4% des salariés, que l'Etat remplacera par une hausse de la CSG à partir de 2018, et de 4,05% des entreprises, en tenant compte de la surtaxe de 0,05% décidée par le dernier accord sur l'Unedic pour une durée de trois ans.

Le projet prévoirait, selon les Echos, une actualisation annuelle du taux de cotisation des employeurs en fonction de leur "comportement" en matière d'embauche les trois années précédentes et des dépenses d'indemnisation générées.

Le taux de cotisation pourrait ainsi varier de 2% pour les entreprises les plus vertueuses à un maximum de 10%, le dispositif étant censé s'équilibrer entre perdants et gagnants.

L'exécutif pourrait avoir sur ce point le soutien de Force ouvrière qui, par la voix de son secrétaire général Jean-Claude Mailly, a salué mardi une "bonne formule".

"Un bon système de bonus-malus encouragera à la vertu", a-t-il déclaré à l'issue d'une rencontre avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et son collègue de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. "Mais il faut que ce soit assez incitatif pour que ça ait de l'effet."

Le président de la CFTC, Philippe Louis, a pour sa part émis des réserves à propos du mécanisme qu'envisagerait le gouvernement.

"Ce qui nous embêterait, c'est qu'on mette un système en place où, en fait, on irait regarder sur les trois dernières années comment l'entreprise s'est comportée", a-t-il dit après avoir vu Muriel Pénicaud et Jean-Michel Blanquer, voyant là un système "pas suffisamment réactif".

(Simon Carraud et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)