Malte : La blogueuse tuée à cause de ses enquêtes, accuse son fils

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La ce horrifiee par la mort d'une journaliste maltaise[reuters.com]
(Crédits : Darrin Zammit Lupi)

LA VALETTE/BRUXELLES (Reuters) - Le fils de la journaliste d'investigation maltaise morte dans l'explosion de sa voiture a déclaré mardi que sa mère avait été assassinée du fait de ses enquêtes sur la corruption dans la classe politique de l'île.

"Ma mère a été assassinée parce qu'elle se dressait entre l'Etat de droit et ceux qui cherchaient à le violer(...)", a dit sur Facebook Matthew, le fils de Daphné Caruana Galizia.

"Elle a été visée parce qu'elle était la seule personne à le faire", a-t-il ajouté.

Agée de 53 ans, Caruana Galizia tenait un bloc extrêmement populaire dans lequel elle dénonçait sans relâche des affaires de corruption impliquant des responsables politiques de l'île méditerranéenne.

La police a déclaré qu'elle avait été tuée par l'explosion d'une bombe sous sa voiture alors qu'elle roulait près du village de Bidnija, dans le nord de Malte.

Mardi après-midi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant les tribunaux de la capitale maltaise, La Valette, en réclamant justice après l'assassinat de la blogueuse.

"L'Etat n'a pas protégé Daphné", a lancé Andrew Borg Cardona en s'adressant à la foule. "Il semble qu'on ne peut pas avoir de liberté d'expression, mais nous voulons la justice", lisait-on sur une pancarte.

La Commission européenne s'est déclarée "horrifiée", mardi, par la mort la veille de la journaliste d'investigation.

"Nous sommes horrifiés par le fait que la journaliste bien connue et respectée Mme Daphné Caruana Galizia ait perdu la vie hier dans ce qui s'apparente à une attaque ciblée", a déclaré le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas lors d'un point presse.

L'exécutif bruxellois et son président Jean-Claude Juncker condamnent cet assassinat avec la plus grande fermeté, a-t-il ajouté.

"Le droit d'un journaliste à enquêter, à poser des questions dérangeantes et à rapporter des informations est au coeur de nos valeur et doit être garanti à tout moment", a encore déclaré Margaritis Schinas.

Le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, et le chef de l'opposition, Adrian Delia, qui avaient été tous deux critiqués sur le blog de Galizia, ont condamné l'assassinat de la journaliste.

Une demi-heure seulement avant d'être tuée dans l'explosion, Daphné Caruana Galizia écrivait sur son blog: "Partout où vous regardez, vous trouvez des escrocs. La situation est désespérée".

(Chris Scicluna et Alastair Macdonald; Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)