Le gouvernement tente d'amadouer les syndicats

reuters.com  |   |  681  mots
Le gouvernement tente d'amadouer les syndicats[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) - Rencontres, négociation sur la formation professionnelle, bonus-malus pour les contrats courts : le gouvernement multiplie les gestes d'apaisement envers les syndicats pour faciliter les discussions sur les réformes de l'assurance chômage, de la formation professionnelle et de l'apprentissage.

Le Premier ministre Edouard Philippe, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, reçoivent de mardi à jeudi les partenaires sociaux pour discuter des prochaines réformes, deuxième grand chantier social du quinquennat d'Emmanuel Macron après celui, désormais achevé, du nouveau Code du travail.

Ces réformes, qui visent à "sécuriser" les travailleurs, doivent déboucher sur un projet de loi en avril prochain et entrer en vigueur au 1er janvier 2019 et le gouvernement espère pouvoir le faire dans un climat social apaisé.

Les partenaires sociaux avaient déjà pu faire part de leurs lignes rouges la semaine dernière à Emmanuel Macron qui les a reçus chacun à leur tour.

C'est le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, qui a ouvert mardi le bal des rencontres à Matignon.

Il a confirmé, tout comme le président de la CFTC, Philippe Louis, et son homologue de la CGT, Philippe Martinez, que les discussions sur la formation professionnelle, qui débuteront au début du mois de novembre, prendraient bien la forme d'une négociation entre syndicats et patronat.

"DIALOGUE"

Les partenaires sociaux devraient recevoir, à cette fin, une lettre de cadrage au début du mois de novembre.

"Nous ce qu'on veut, c'est le dialogue, (...) de pouvoir prendre la main quand c'est notre domaine. On a eu cette assurance qu'il y aura de la négociation sur les sujets qui sont vraiment du domaine des partenaires sociaux", a dit Philippe Louis à la presse, à l'issue de la rencontre.

Les discussions sur l'apprentissage, qui devraient débuter à la fin du mois d'octobre, devraient, elles, prendre la forme d'une concertation, ce qui laisserait le dernier mot au gouvernement mais intégrerait les régions au processus.

Les modalités des discussions sur l'assurance chômage - à la fin du mois de novembre - ne sont pas encore fixées. Certains points pourraient être sujets à négociation et d'autres à concertation.

Philippe Martinez, qui avait décrié la méthode de concertations sur la réforme du Code du travail, s'est dit pour l'instant satisfait. "Si ça se passe comme on nous l'a dit, ça devrait mieux se passer que la dernière fois", a-t-il dit.

Les leaders syndicaux ont également précisé que les discussions sur l'assurance chômage commenceraient par une rencontre multilatérale, une demande de la CFDT et de la CGT.

ASSURANCE CHÔMAGE, UN "OPEN BAR" ?

Les représentants des syndicats ont encore une fois répété leurs revendications sur les réformes à venir. Ils craignent que l'ouverture de l'assurance chômage aux indépendants et, une fois tout les cinq ans, aux démissionnaires, ne transforme le régime en "open-bar" qui assécherait ses finances.

Emmanuel Macron avait déjà assuré que cette mesure ne se solderait pas par une baisse des droits des demandeurs d'emploi et il a précisé dimanche qu'il fallait "encadrer" ce dispositif en ne l'offrant qu'aux démissionnaires avec des "projets".

Force ouvrière s'est dit rassurée, par ailleurs, par la volonté du gouvernement de mettre en place un système de bonus-malus pour lutter contre les contrats courts, dont le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a confirmé lundi le "principe".

Ce dispositif, demande de FO de longue date, consiste à augmenter la contribution des entreprises au régime d'assurance chômage qui recourent de façon excessive aux contrats précaires.

"Un bon système de bonus-malus encouragera à la vertu", a dit Jean-Claude Mailly.

En revanche, certains de ces gestes irritent le patronat.

Le président du Medef, Pierre Gattaz, a ainsi qualifié mardi d'"absurdité" et d'"idée insensée" la possibilité de moduler les cotisations des entreprises à l'assurance chômage en fonction de leurs pratiques d'embauche.

(Edité par Yves Clarisse)