Gattaz insiste sur le contrôle des chômeurs

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Berger (cfdt) agace par la stigmatisation des chomeurs[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

PARIS (Reuters) - Le président du Medef, Pierre Gattaz, a renouvelé mercredi sa proposition d'imposer un contrôle des demandeurs d'emploi avec une "fréquence cohérente", malgré le tollé qu'il a suscité.

"Je réaffirme que l'absence de contrôle pertinent des chômeurs ne fait que brouiller la situation", a-t-il insisté dans un texte publié sur le réseau social LinkedIn.

Mardi, il avait estimé lors d'une conférence de presse qu'il fallait aider les chômeurs à la recherche d'une formation mais lutter parallèlement "contre ceux qui profitent du système" en instaurant un système de vérifications, "peut-être par un contrôle journalier".

"Je crains que certains confondent le contrôle et la sanction", a-t-il poursuivi mercredi, indiquant que de possibles sanctions ne concerneraient que "des petits malins".

"Que (ce contrôle) soit quotidien, hebdomadaire ou mensuel, cela reste à discuter et dépend forcément de la nature du contrôle. Comme dans toute situation, le contrôle n'a de sens que si sa fréquence est cohérente avec ce qu'il mesure", a poursuivi le patron des patrons.

Plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a laissé entendre que sa proposition était probablement vouée à rester lettre morte.

"Dans une discussion, rien ne doit être exclu", a déclaré le secrétaire d'Etat à l'issue du conseil des ministres, "mais on peut imaginer assez facilement qu'il risque de ne pas avoir le succès qu'il escompte."

NOMBREUSES CRITIQUES

Les déclarations de Pierre Gattaz ont suscité de nombreuses critiques, notamment de la part du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

"Ce que je n'accepte pas dans cette période, c'est cette forme de stigmatisation", a déclaré le numéro un de la centrale réformiste, invité mercredi de BFM TV et RMC. "Qu'il y ait le sentiment que le chômage serait de la responsabilité des chômeurs, moi j'en ai assez."

Laurent Berger a par ailleurs dressé un parallèle entre la suggestion de Pierre Gattaz et le refus par le Medef d'une modulation des cotisations des entreprises à l'assurance chômage en fonction de leurs pratiques d'embauche, selon un dispositif de bonus-malus.

Selon lui, il faut "qu'il y ait de la responsabilité de part et d'autre".

Le début de polémique déclenché par les propos de Pierre Gattaz fait écho à celle provoquée par Christophe Castaner, lequel a estimé lundi sur BFM TV que "la liberté, ce n'est pas de se dire que, finalement, je vais bénéficier des allocations chômage pour partir deux ans en vacances".

Devant le tollé à gauche, le porte-parole du gouvernement s'est défendu, dans une vidéo publiée mardi sur Twitter, en attaquant "les professionnels de la polémique" et en insistant sur le fait que la phrase incriminée portait sur l'ouverture du droit aux allocations chômage aux démissionnaires.

"J'ai réaffirmé cette liberté nouvelle que nous voulons créer avec le droit universel au chômage pour ceux qui démissionnent et j'ai rappelé (...) que ce droit nouveau impliquait des devoirs", s'est-il justifié.

(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)