La recherche d'une coalition en Allemagne va prendre du temps

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A la recherche d'une coalition, merkel appelle a des compromis[reuters.com]
(Crédits : Hannibal Hanschke)

par Madeline Chambers et Joseph Nasr

BERLIN (Reuters) - En Allemagne, tous en conviennent, la formation d'un gouvernement de coalition va prendre un certain temps.

Et résultera de compromis entre conservateurs, libéraux et écologistes après les élections législatives du 24 septembre, où le bloc CDU-CSU a réalisé son pire score depuis 1949.

Des discussions exploratoires ont débuté mercredi, avec une première rencontre à midi entre les négociateurs conservateurs et ceux du Parti libéral FDP.

A l'issue de cette réunion, qui a duré deux heures, le secrétaire général de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Peter Tauber, a parlé d'"une bonne discussion constructive, qui sera naturellement suivie par d'autres".

Les négociateurs de l'Union chrétienne-sociale (CSU) bavaroise et du FDP ont également fait état d'une "bonne atmosphère".

Une autre réunion s'est tenue un peu plus tard dans la journée entre la CDU-CSU et les Grünen, les Verts allemands. L'air sombre des participants à la sortie illustrait les difficultés de trouver des terrains d'entente.

La coalition envisagée est surnommée "coalition Jamaïque", aux couleurs du drapeau jamaïcain : noir pour la CDU-CSU, jaune pour le FDP, vert pour les Grünen. Elle n'a encore jamais été testée au niveau fédéral.

Les positions divergentes sur de nombreux dossiers, notamment sur l'immigration, l'environnement et les questions budgétaires, laissent présager des discussions longues et difficiles.

Résumant le climat des discussions, le secrétaire général de la CSU, Andreas Scheuer, a eu cette formule : "Si vous regardez un atlas, vous verrez que la Jamaïque est loin".

NOMBREUSES DIVERGENCES

S'adressant mardi soir aux députés conservateurs, Angela Merkel, encore affaiblie par la défaite de son parti aux élections régionales de Basse-Saxe dimanche, a appelé à des compromis, rapporte le quotidien Bild.

La chancelière, au pouvoir depuis douze ans, a payé notamment dans les urnes sa politique d'accueil massif de migrants, qui a inquiété de nombreux électeurs conservateurs dont certains se sont tournés vers le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Elle espère pouvoir constituer un gouvernement d'ici Noël mais plusieurs dirigeants politiques parlent plutôt de janvier 2018. D'autres craignent même que les discussions n'aboutissent pas et évoquent un gouvernement minoritaire, voire de nouvelles élections.

Un responsable de la CSU, Peter Ramsauer, a même parlé, en cas d'échec de la "coalition Jamaïque", d'une nouvelle "grande coalition" avec les sociaux-démocrates du SPD mais ceux-ci, qui ont réalisé en septembre le pire résultat depuis 1933, clament haut et fort qu'ils veulent siéger dans l'opposition.

Mardi soir, le dirigeant de la CSU bavaroise, Horst Seehofer, a rencontré la coprésidente du groupe parlementaire des Verts, Katrin Göring-Eckardt. Celle-ci a parlé d'une "conversation polie".

La question de l'immigration, notamment, divise les Grünen et les conservateurs.

La CDU a conclu le 8 octobre avec son alliée bavaroise un accord limitant à 200.000 par an le nombre de réfugiés accueillis sur le territoire allemand, une idée que rejettent les Verts.

Les libéraux du FDP, eux, réclament le portefeuille des Finances dans le prochain gouvernement, ce que les conservateurs refusent.

(Guy Kerivel et Gilles Trequesser pour le service français)