Pour sortir de l'impasse, May va offrir des garanties aux expatriés

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(Crédits : Toby Melville)

LONDRES (Reuters) - Theresa May s'est engagée jeudi à rendre aussi facile que possible le maintien des expatriés européens au Royaume-Uni afin de tenter de débloquer les discussions avec les Européens qui butent principalement sur les modalités financières du Brexit.

Alors que s'ouvre dans l'après-midi à Bruxelles un nouveau Conseil européen, les dirigeants des Vingt-Sept semblent exclure d'engager formellement la deuxième phase des négociations, qui doit porter sur les relations futures avec le Royaume-Uni une fois le divorce prononcé.

A la suite de leur négociateur, Michel Barnier, ils devraient juger "insuffisants" les progrès réalisés dans les discussions portant sur la première phase, consacrée aux modalités du divorce en lui-même.

Dans une tribune mise en ligne jeudi matin sur sa page Facebook, la Première ministre britannique propose des concessions sur les droits des citoyens européens d'outre-Manche, l'un des points clefs de la première phase des négociations.

Faute de changer le cours du sommet européen, cette annonce pourrait toutefois signaler l'adoption d'une nouvelle approche britannique, plus souple, face aux négociateurs du bloc.

Dans ce texte, Theresa May estime qu'un accord sur les droits des trois millions de ressortissants européens vivant au Royaume-Uni est "à portée de main".

A son arrivée à Bruxelles, la Première ministre a déclaré : "nous allons examiner les progrès concrets qui ont été accomplis dans les négociations pour notre sortie et établir des projets ambitieux pour les prochaines semaines. Par exemple, je souhaite qu'on parvienne d'urgence à un accord sur les droits des citoyens".

La dirigeante britannique propose de mettre en place un groupe de représentants des expatriés, ainsi que les services d'experts juridiques et techniques pour garantir une transition fluide.

ESPRIT D'OUVERTURE

"Je sais que les deux camps vont considérer les propositions mutuelles de finalisation de l'accord dans un esprit d'ouverture. Avec de la flexibilité et de la créativité des deux côtés, je suis persuadée que nous pourrons conclure les discussions sur les droits des citoyens dans les prochaines semaines", poursuit-elle dans la tribune sur Facebook.

Au titre de ces concessions, les citoyens européens n'auraient notamment plus à fournir la preuve de leur souscription à une couverture maladie complète, comme c'est le cas aujourd'hui.

"Pour tous les citoyens européens qui détiennent un permis permanent de résidence dans l'ancien système, un système simple sera mis en place pour passer de leur statut actuel à un statut de résident au Royaume-Uni", dit-elle.

Dans sa tribune, Theresa May ne dit rien de la question du rôle dévolu à la Cour de justice de l'Union européenne après le Brexit.

Mais dans une interview accordée à plusieurs journaux européens, dont Le Figaro, son ministre du Brexit, David Davis, rappelle que lors de son discours de Florence, le 22 septembre dernier, elle a proposé que "les tribunaux britanniques prennent en compte les jugements de la Cour européenne de justice".

"Aucun pays au monde hors de l'UE n'accepte les règles de la Cour européenne de justice", poursuit-il, ajoutant que cette proposition est de nature à "donner de la certitude aux citoyens européens en faisant en sorte que leur traitement soit équivalent des deux côtés de la Manche".

Avant le début du Conseil européen, la chef du gouvernement britannique a rappelé qu'elle avait fait lors de son discours à Florence des propositions qu'elle a qualifiées d'audacieuses et d'ambitieuses.

A dix-sept mois seulement de la date du divorce, fixée à fin mars 2019, Theresa May est soumise à de fortes pressions pour débloquer les négociations ou de risquer un retrait de l'UE sans accord, un scénario du "saut dans le vide" qui plongerait les acteurs économiques dans l'incertitude.

Pour ajouter à ses difficultés, le dirigeant de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, sera également à Bruxelles jeudi, pour rencontrer les eurodéputés et tenter de sortir d'une "impasse du Brexit" créée selon lui par les "cafouillages" du gouvernement.

May doit aussi compter avec un début de fronde au sein du groupe parlementaire du Parti conservateur à la Chambre des communes.

(Elizabeth Piper avec Alastair Macdonald à Bruxelles; Julie Carriat et Henri-Pierre André pour le service français)