Publicis : Redressement timoré du chiffre d'affaires au 3e trimestre, le titre chute

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Publicis augmente la cadence au 3e trimestre[reuters.com]
(Crédits : Jacky Naegelen)

par Gwénaëlle Barzic et Matthias Blamont

PARIS (Reuters) - Publicis a réaffirmé jeudi viser une amélioration de la croissance de son chiffre d'affaires au second semestre, en dépit d'un redressement moins franc que prévu au troisième trimestre, l'Europe ayant contrebalancé l'embellie enregistrée en Amérique du Nord, son principal marché.

Arrivé aux commandes du numéro trois mondial de la publicité en juin, le nouveau président du directoire Arthur Sadoun prévoit de présenter sa feuille de route et la nouvelle équipe dirigeante le 20 mars prochain aux investisseurs.

Publicis, qui a fait du redressement de sa croissance sa priorité après plusieurs années de contre-performances, fera le point à cette occasion sur les objectifs fixés par la précédente direction pour 2018, dont celui d'une marge à 17,3%, aujourd'hui jugée hors de portée par une partie du marché.

Le français a enregistré au troisième trimestre un chiffre d'affaires de 2,26 milliards d'euros, en hausse à données comparables de 1,2%, poursuivant son redressement dans la foulée d'un retour à la croissance au deuxième trimestre à 0,8%.

Publicis, qui réalise plus de la moitié de ses revenus en Amérique du Nord, y a signé une progression de 3,0%, permettant de compenser le repli de 1,5% observé en Europe, lié pour partie à des bases de comparaison exigeantes (+7,6% au T3 2016).

Le marché anticipait cependant une croissance organique supérieure, de l'ordre de 1,9%, selon un consensus compilé par Inquiry Financial.

"La publication de Publicis pourrait retirer un peu du lustre des agences dans la foulée d'Omnicom mais les signes sont là d'un retour des investissements", estiment les analystes de Liberum dans une note.

A 12h55, l'action de Publicis chute de -6,46% à 58,17 euros, accusant la plus forte baisse du CAC 40, pour sa part en repli de 0,59%. Dans son sillage, le numéro un mondial WPP cède -3,3% à la Bourse de Londres.

L'américain Omnicom a ouvert le bal des publications du secteur mardi avec des résultats supérieurs aux attentes, rassurant des investisseurs échaudés par les avertissements sur résultats de plusieurs acteurs au coeur de l'été.

Le britannique WPP et le français Havas ont notamment invoqué une compression des investissements de la part des annonceurs du secteur de la grande consommation, ce qui a fait reculer les valeurs de l'ensemble du secteur en Bourse. et

DES PARTENARIATS PLUTÔT QU'UNE CONSOLIDATION

"Il n'y a rien de neuf", a pour sa part déclaré à des journalistes Arthur Sadoun, selon lequel le secteur est confronté depuis plusieurs années à de nombreux défis comme les nouvelles habitudes des consommateurs, le chamboulement du paysage médiatique, l'apparition de nouveaux rivaux issus du numérique ou encore les difficultés de certains clients.

"Je pense que c'est une erreur dangereuse de faire porter les problèmes de notre industrie sur les défis que peuvent rencontrer nos clients", a ajouté le dirigeant, en estimant que Publicis a pris de l'avance sur ses concurrents pour s'adapter à ce contexte volatil en ayant lancé depuis plusieurs années une transformation de son modèle.

Sous la houlette de son précédent numéro un, Maurice Lévy, Publicis a étendu la palette de son offre au conseil et à la technologie en rachetant l'américain Sapient tout en s'employant à casser les barrières entre ses différentes activités, au prix, parfois, de tensions internes.

"Nous sommes au milieu du chemin mais encore loin d'être au bout", a déclaré Arthur Sadoun, qui a étoffé ses équipes avec les recrutements remarqués d'Agathe Bousquet venue d'Havas ou d'Annette King (Ogilvy Group, WPP).

Conséquence du recul du secteur en Bourse, les titres Publicis et WPP apparaissent désormais bon marché, ce qui alimentent les spéculations sur de possibles consolidations entre acteurs de la publicité ou avec des groupes issus du numérique, du conseil ou des services informatiques.

Plus petit que WPP avec une capitalisation boursière de 14,3 milliards d'euros (contre 20 milliards d'euros pour son concurrent), Publicis, dont la famille fondatrice ne détient que 7,25% du capital, est présenté par certains analystes financiers comme une cible potentielle.

"Je ne vois pas, en tout cas pour les acteurs qui ont aujourd'hui une offre solide, plus de consolidation. En revanche, je pense qu'ils auront intérêt à mieux travailler ensemble", a dit Arthur Sadoun, en prenant pour exemple le partenariat entre Publicis et la société de services informatiques Capgemini qui leur a permis de décrocher un contrat avec McDonald's.

Le géant du conseil Accenture, présenté comme un acquéreur potentiel dans le domaine de la communication, n'a pas l'intention de procéder à une opération de grande envergure, a assuré mercredi son PDG Pierre Nanterme dans le cadre de l'émission "L'Invité des Echos".

(Edité par Benoît Van Overstraeten)