Le conservateur Kurz chargé de former le gouvernement autrichien

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Le conservateur kurz charge de former le gouvernement autrichien[reuters.com]
(Crédits : Heinz-Peter Bader)

par Francois Murphy et Shadia Nasralla

VIENNE (Reuters) - Le président autrichien Alexander Van der Bellen a chargé vendredi le dirigeant conservateur Sebastian Kurz de former un nouveau gouvernement après les élections législatives de dimanche dernier qui ont vu la droite et l'extrême droite remporter plus de 57% des voix.

Le chef du Parti populaire (ÖVP), à peine âgé de 31 ans, a annoncé qu'il allait entamer sans attendre des discussions préparatoires en vue de former un gouvernement de coalition.

Pour la plupart des observateurs, l'hypothèse la plus probable est celle d'une alliance entre l'ÖVP et le Parti de la liberté (FPÖ) de Heinz-Christian Strache, mouvement d'extrême droite arrivé troisième des élections juste derrière les sociaux-démocrates du SPÖ.

Sebastian Kurz, lui, n'a exclu aucun scénario.

L'ÖVP a recueilli dimanche 31,5% des suffrages, devant le SPÖ (27%) et le FPÖ (26%).

"Je veux constituer un gouvernement qui aura le courage et la détermination d'apporter un véritable changement", a déclaré Sebastian Kurz aux journalistes après sa rencontre avec le chef de l'Etat.

Il a ajouté qu'il allait entamer des discussions avec tous les partis représentés au Parlement, même si seuls le SPÖ et le FPÖ ont assez d'élus pour lui donner une majorité.

"Je vais de ce pas travailler et j'aurai mes premiers entretiens dans les jours qui viennent, peut-être même dès aujourd'hui", a ajouté le dirigeant conservateur.

"COALITION BOTSWANA" ?

A l'issue de ces premiers contacts, a-t-il poursuivi, il compte lancer des négociations officielles soit avec le FPÖ, soit avec le SPÖ.

L'ÖVP a fait campagne sur une ligne droitière, notamment sur l'immigration où sa position est très proche de celle du FPÖ.

Sebastian Kurz s'est rendu à Bruxelles jeudi, où s'ouvrait le Conseil européen, pour rassurer ses partenaires.

Si en Allemagne une "coalition Jamaïque" est envisagée après les élections de septembre (les couleurs associées des trois partis concernés donnent le drapeau de ce pays), en Autriche on évoque plutôt une "coalition Botswana", associant le noir des conservateurs au bleu de l'extrême droite.

Cette alliance ÖVP-FPÖ semble la plus plausible, étant donné les mauvaises relations entre Sebastian Kurz et le chancelier social-démocrate sortant Christian Kern.

Kurz a accusé ses rivaux d'envisager une alliance "Haïti", qui rassemblerait les bleus du FPÖ et les rouges du SPÖ. Mais Heinz-Christian Strache a rejeté l'idée d'une telle "coalition des perdants".

Prié de dire si un maintien de Christian Kern à la chancellerie était exclu, Strache a répondu: "A mon avis, oui !" Il a souligné que les électeurs avaient voté pour le changement et que c'est bien Sebastian Kurz qui a été chargé de former le nouveau gouvernement.

DÎNER KURZ-STRACHE

"S'il (Kurz) nous invite (à discuter), nous accepterons cette invitation", a ajouté le dirigeant d'extrême droite, précisant que dans ce cas sa formation ne tiendrait pas de discussions parallèles avec le SPÖ.

Cette semaine, Heinz-Christian Strache a déjà accueilli chez lui Sebastian Kurz pour un dîner, leur première rencontre en tête-à-tête.

Quant aux chances d'une "coalition Haïti" entre sociaux-démocrates et extrême droite, elles sont infinitésimales, a déclaré Christian Kern à des journalistes à Bruxelles, ajoutant cependant que son parti était ouvert à toutes les discussions.

Un retour à une "coalition Albanie", entre SPÖ et conservateurs, n'est pas totalement exclue. Sebastian Kurz a laissé entendre qu'il était prêt à l'étudier si Kern est remplacé par le ministre (SPÖ) sortant de la Défense Hans Peter Doskozil.

(Guy Kerivel pour le service français)